Université Nangui Abrogoua : Ce qui n'a pas été dit sur la mort de l'étudiant Djéban Elie
Son père, un médecin et un anesthésiste expliquent tout


Si l’on en croit des confidences, plusieurs candidats à l’examen du Tronc commun comme Elie Djéban craquent pendant les compositions
  • Source: linfodrome.com
  • Date: vend. 02 fév. 2018
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Depuis le jeudi 18 janvier 2018, le décès de Koffi Elie Djéban, étudiant en 1ère année de médecine à l'université Nangui Abrogoua (Una), affole les réseaux sociaux. Cette mort, suite à une injection administrée au centre médico-social de son université pour l'endormir, suscite de grosses interrogations. Que s'est-il exactement passé ? Quel produit lui a-t-on administré ? L'inter a investigué…

Encore un scandale qui éclabousse le personnel soignant ivoirien. Après l'affaire ‘'Awa Fadiga'' en 2014 et celle baptisée ‘'Une parturiente tombe du lit et meurt à l'hôpital général de Marcory'' en 2017, qui ont défrayé la chronique, le nouvel an (2018) s'ouvre avec un drame qui incrimine le personnel de soins. Il s'agit de l'affaire dénommée ‘'Un étudiant de l'Université Nangui Abrogoua (Una) meurt après une injection à l'infirmerie''.

Les faits. Mardi 16 janvier dernier, peu après 8h, des étudiants au Tronc commun (Médecine, Pharmacie et Odonto-stomatologie), aidés par des agents de la Police universitaire déployés sur le campus de l'ex-université Abobo-Adjamé, conduisent un des leurs au centre médico-social. Il se nomme Koffi Elie Djéban. L'étudiant qui venait de piquer une crise lors des compositions du concours de l'Ecole préparatoire aux sciences de la santé (Epss), est immédiatement reçu et ausculté par le médecin de garde, Dr Kouamé N'da Désiré. Au terme de la consultation, le médecin traitant relève les constantes suivantes : température du corps 37° et tension artérielle 11/07. A cela s'ajoutent les indications de trouble de la conscience, d'insomnie et d'agitation. Ces éléments du diagnostic, que l'on peut lire dans le carnet de santé du malade, l'amènent à suspecter le surmenage et l'hypoglycémie. Aussi le praticien prescrit-il le valium ampoule en Im (intra musculaire ; Ndlr) et en Ivd (Intraveineuse directe ; Ndlr).

Ce produit est finalement administré au patient qui entendait, coûte que coûte, rejoindre la salle de composition, selon des témoignages recueillis sur place, aussi bien auprès d'agents de l'infirmerie que de certains camarades qui l'y avaient conduit. Mais le hic est que, du moment où le produit lui a été administré jusqu'à l'annonce de son décès, 48 heures plus tard, aux urgences du Chu de Treichville où il avait été référé, soit le jeudi 18 janvier, il ne s'est plus jamais réveillé. Ces faits ont alors fini par se retrouver sur la toile. Et depuis lors, ils ne font vibrer le réseau social Facebook, où il y a une cinglante volée de bois vert contre le corps médical, gravement mis en cause.

Surprise et embarras. Dans le centre médico-social de l'Una, logé dans trois bâtiments dont un affecté à l'opération d'enrôlement des étudiants pour la Couverture maladie universelle (Cmu), où nous nous sommes rendu les lundi 29 et mardi 30 janvier 2018, l'ambiance est lourde. La méfiance et la prudence sont de mise. La nouvelle du décès de Koffi Elie Djéban y est pour quelque chose. Tous évoquent la surprise devant la peinture en noir du personnel dudit centre au point de les embarrasser. « Nous avons été surpris de savoir que, 48 heures après que le patient ait quitté notre centre et qu'il soit décédé dans une autre structure, on nous accuse de l'avoir tué. J'avoue que nous sommes surpris de tout ce qui se dit sur les réseaux sociaux », nous souffle le médecin-chef, Dr Dénis N'da Koffi. Sans rentrer dans le fond du dossier, ce médecin en service à l'infirmerie de l'ex-université Abobo-Adjamé depuis 1997, soit un an après la naissance de Koffi Elie Djéban (31 mai 1996), soutient que le patient a été correctement pris en charge. « Ses camarades ont dit qu'il avait fait 3 jours de jeûne. Il était très agité. Le collègue qui l'a reçu a fait ce qu'il fallait pour le calmer. Maintenant, je ne peux en dire plus parce que je n'ai pas reçu le quitus du président de l'université. Je fais juste cet éclairage parce que je salue votre démarche de venir à l'information, de chercher à avoir notre version des faits », clarifie-t-il. « J'ai fait un rapport, que j'ai remis au président. S'il nous autorise à vous parler, alors on répondra à toutes vos questions sur l'affaire », glisse-t-il sans dire mot sur la nature et la dose du produit injecté pour apaiser le malade. Toutes nos tentatives pour en savoir davantage du côté des autorités universitaires, avec à leur tête Pr Tano Yao, se sont avérées infructueuses. Pendant 48 heures, le président de l'Una déclinera tout échange sur la question. Motif invoqué : ‘'attendre d'avoir tous les éléments du dossier en main'', surtout que le rapport du médecin-chef a été acheminé au cabinet de la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Pr Ly Ramata Bakayoko. Dans la matinée du mardi 30 janvier, alors que nous espérons toujours un entretien sur le sujet, Pr Tano Yao quitte ses bureaux et informe qu'il se rend au cabinet pour une réunion avec la ministre Ly Ramata Bakayoko, saisie 24 heures plus tôt du dossier. «Nous avons perdu un étudiant dont on ne maîtrise pas, pour l'heure, toutes les circonstances du décès. On préfère ne pas parler pour le moment», confie un de ses proches. «C'est au Chu de Treichville que le patient a été référé et traité pendant deux jours. Il s'y était réveillé avant de retomber dans le coma et rendre l'âme. Il faut plutôt voir du côté de ce Chu pour situer les responsabilités», fait valoir notre interlocuteur.

Révélations époustouflantes. C'est au Chu de Treichville, en effet, que nous en saurons davantage sur les circonstances du brusque décès du jeune étudiant qui devrait souffler sa 22ème bougie le 31 mai prochain. Dans cet établissement sanitaire de niveau 3, précisément au service des urgences, hier mercredi 31 janvier, on relève que le tableau du patient avec les indications de trouble de la conscience, d'insomnie et d'agitation, mais aussi et surtout la suspicion d'une hypoglycémie, nécessitait une évacuation immédiate. Et non une mise en observation dans une unité de soins de premier contact où des examens préliminaires n'ont pu être faits. Il s'agit surtout du test de glycémie. « Quand on suspecte une hypoglycémie, il faut faire une analyse de glycémie avant d'administrer le valium et mettre par la suite le sujet sous observation. Un test de preuves de la glycémie s'imposait vu le tableau du patient. Toutes les analyses préliminaires n'ont pas été faites avant l'injection du valium en Im et en Ivd. Il fallait l'évacuer rapidement. Ce qui n'a pas été fait », renseigne notre source. « En mettant un point d'interrogation, le médecin indique qu'il n'est pas sûr que le sujet présente une hypoglycémie. Il devrait au préalable faire un test de glycémie qui aurait permis de confirmer son diagnostic. Si l'hypothèse était confirmée, il pourra alors lui mettre un ballon de glucose, soit du 5% ou 10%. Après, il aurait pu l'évacuer. En outre, l'infirmerie ne fait pas de mise en observation. Il consulte juste et évacue les cas qui le nécessitent. C'était justement un cas d'évacuation immédiate », ajoute notre interlocuteur.

Gros malade méconnu. Autre révélation majeure : la non-prise en compte des antécédents médicaux du patient. Dans le dossier médical réalisé au Chu de Treichville, suite aux nombreux examens, le personnel soignant a pu détecter une pathologie grave que Djéban Elie traînait depuis son enfance. Dans sa famille, seules 3 personnes étaient informées de son statut de gros malade. C'est d'ailleurs au moment de l'annonce du décès, suite à la maladresse d'un médecin qui pensait que tous le savaient, que d'autres frères ont été informés de cette pathologie tenue jusque-là confidentielle et frappée du secret médical. « Cet antécédent méconnu et le tableau du patient contre-indiquaient l'injection du valium car susceptible de déclencher des complications respiratoires et un coma. L'origine de la mort est liée aux complications de cette pathologie suite à l'hypoglycémie et à l'injection du valium sans observation médicale. C'était un sujet dont la mise en observation devrait être sous surveillance avec des équipements adaptés à son état. Ceux qui l'ont mis en observation ont agi pour le sauver. Sauf qu'ils n'étaient certainement pas informés de l'état du patient avant sa crise lors de la composition. Les parents auraient dû informer le praticien de l'état antérieur du patient pour prendre rapidement la décision de l'évacuer», ajoute un médecin du service des urgences.

Livrant sa part de vérité, le père du défunt, Bertin Kouassi Djéban, que nous avons rencontré à son domicile de Gonzagueville, un quartier de la commune de Port-Bouet, confirme que la victime était un gros malade depuis l'enfance. « Il était beaucoup maladif. Parfois, il faisait plusieurs semaines sans aller à l'école. Mais, chaque fois, il était premier de sa classe. Depuis la classe de seconde, il n'est plus jamais tombé gravement malade», objecte le chef de famille, qui peine à retenir ses larmes quand il évoque les derniers instants de son adulé et adoré ‘'génie''. Il appelait ainsi son 3ème garçon et ava (...)

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