Bouaké : L'éternelle rebelle ?


Hier acclamés, les militaires sont de moins en moins désirés dans les rues de Bouaké.
  • Source: JDA
  • Date: sam. 20 janv. 2018
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Bouaké la belle, devenue Bouaké la rebelle ou Bouaké la coquette, devenue Bouaké la roquette ? Ces jeux de mots en disent long sur ce qu'est devenue la deuxième plus grande ville du pays, capitale de la rébellion de 2002 à 2010. Epicentre de la contestation des mutins en janvier 2017, puis au mois de juillet de la même année, Bouaké s'est à nouveau illustrée de mauvaise manière en ce début d'année. Un manque de confiance entre soldats, ceux du 3ème bataillon soupçonnant ceux du Centre de commandement des décisions opérationnelles (CCDO) de les espionner au profit du gouvernement, a entrainé de violents combats entre ces deux unités. Des sorties qui prennent en otages les populations et les commerces, effraient les potentiels investisseurs et maintiennent dans le retard une ville qui tente de se relever.

La deuxième plus grande ville de la Côte d'Ivoire retrouvera-t-elle son lustre d'antan ? Après une décennie de crise, Bouaké peine à se relever. Pire, Bouaké s'enfonce de plus en plus au gré des humeurs des militaires. Ces derniers, censés protéger les populations et veiller à la sécurité de la ville, semblent, en l'absence de conflit, représenter eux-mêmes le danger. Ignorant sûrement que là où crépitent les armes, le progrès s'éloigne, laissant place à l'amertume et à la désolation. Ni le gouvernement, ni la hiérarchie militaire n'arrivent à faire passer de message, donnant l'impression de marcher sur des œufs. La crainte de voir le pays sombrer à nouveau dans la violence obstrue-t-elle toute volonté de prise de mesures draconiennes envers les soldats indisciplinés ? « La question est délicate. Il faut beaucoup de discernement avant de sanctionner et de régler, non pas définitivement mais pour longtemps, ce genre de malaises au sein des hommes en armes », conseille un spécialiste des questions militaires. Ville prospère avant 2002, Bouaké, aujourd'hui méconnaissable et en quête de stabilité, regrette ses années de gloire.

Passé glorieux Alors que la Côte d'Ivoire amorce son développement, au lendemain des indépendances, Bouaké, ville carrefour, se transforme rapidement en une zone commerciale. L'activité dominante est le négoce, dans toute sa diversité. Le marché de gros de vivriers et les marchés périphériques existants le démontrent bien et les affaires prospèrent. L'activité industrielle reste encore importante dans cette ville, malgré la longue crise militaro-politique qui l'a éprouvée. Les unités industrielles se développent en parallèle, avec en tête l'établissement Robert Gonfreville, spécialisé dans le textile, la  Société ivoirienne des tabacs (SITAB), spécialisée dans le tabac, la Compagnie ivoirienne du développement des textiles (CIDT), spécialisée dans le traitement de coton, et OLAM Côte d'Ivoire, spécialisée dans le traitement des noix de cajou (anacarde).  Dans cette ambiance de promotion des activités économiques, la fierté de Bouaké résidait aussi dans sa semaine commerciale, qui était clôturée par un grand carnaval. « Il y avait également la piscine municipale, l'Orchestre de la fraternité ivoirienne,  les belles rues, bien tracées et bien éclairées, l'Alliance sportive de Bouaké et, au niveau scolaire, le lycée de jeunes filles et le lycée Saint Viateur. Cela faisait de Bouaké l'une des villes les plus animées et les plus coquettes de l'époque », se souvient Benoit Tanoh, fonctionnaire à la retraite et nostalgique de cette période, dont il garde encore de précieux souvenirs.  Mais nous sommes bien loin de cette ère paisible et propice aux affaires, à la réflexion et à la distraction. Tous ces atouts sont désormais un lointain souvenir et le visiteur ne peut que contempler les ruines, ou ce qui en reste.  « L'établissement Robert Gonfreville tourne au tiers de sa capacité, Oléhol Industrie SA (Ex-TRITURAF), spécialisé dans l'huilerie, bat de l'aile, la SITAB, la CIDT tournent au ralenti. Seule OLAM fonctionne bien aujourd'hui, surtout lors de la campagne de la noix de cajou », nous a confié un correspondant de presse en poste à Bouaké depuis sept ans. La ville essaie régulièrement de se relever mais son horizon est de manière récurrente obstrué par les sorties intempestives des militaires, qui rappellent les premières heures de la rébellion. Climat politique oblige, les populations pensent toujours que des volontés de renversement de l'ordre constitutionnel actuel peuvent germer à tout moment et que Bouaké pourrai (...)

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