Côte d'Ivoire : Ce qui n'a jamais été dit sur Michel Gbagbo ; ses contacts avec son père Gbagbo révélés

  • Source: linfodrome.com
  • Date: jeu. 28 sept. 2017
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Longtemps en retrait de la politique, Michel Gbagbo, fils de l'ancien président, n'a découvert le pouvoir de son nom, qu'à sa sortie de prison, en 2013. Depuis, il s'est fait une place au Fpi, et se verrait bien député.

Le temps a écaillé les murs de la bâtisse et évaporé les rires des habitants. Dans le jardin, les chaises en plastique usé témoignent des courtisans qui se succédaient sous le petit préau, mais aujourd'hui, seul le caquètement des poules accueille le visiteur. La petite maison du quartier de la Riviera [Abidjan) est bien vide, depuis avril 2011, et le départ de son propriétaire, Laurent Gbagbo, incarcéré à la prison de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

Lorsqu'il apparaît dans une pièce, trop grande pour les quelques meubles qui y sont entreposés, le fils aîné de la famille s'excuse presque. Caché derrière les doubles foyers de ses lunettes, Michel Gbagbo pèse chacun de ses mots. On cherche une ressemblance entre ce timide et son tribun de père, un mélange de gouaille et de charisme. « On m'appelle l'héritier, dit-il simplement. Tout cela n'est qu'un accident 
biologique.» Il est désormais le gardien du temple, chargé d'occuper la maison familiale offerte par Félix Houphouët-Boigny dans les années 1970, à la sortie de prison de son plus fervent opposant. Son nom, il le porte comme une croix, mais ne le renie pas. Il adore son père, « génie politique et combattant hors norme, parti de rien et arrivé au sommet ». « Il est même un peu écrasé par cet héritage, et n'a jamais osé s'opposer à Gbagbo », confie l'un de ses amis.

 

Délit de patronyme

 

Longtemps inconnu, le visage de Michel Gbagbo apparaît sur les écrans de télévision des Ivoiriens, le 11 avril 2011. Ce jour-là, aux côtés de son père et de sa belle-mère, Simone Gbagbo, Michel est hagard. « J'ai cru qu'ils allaient me tuer », souffle-t-il. Les militaires des Forces nouvelles (Fn) se contentent de le rouer de coups. Quelques mois plus tard, une vidéo le montre dans la prison, aujourd'hui, aucun mandat de dépôt n'a été délivré - et attend un nouveau procès pour « diffusion de fausses nouvelles », autant d'accusations qu'il dément. S'il est coupable, c'est d'un délit de patronyme, estime-t-il. Toujours privé de compte bancaire et de ses droits civiques, il a une interdiction de sortir du territoire. « Je ne suis pas Seif el- Islam Kadhafi », se défend-il. Il n'a pas grand-chose non plus d'un Ali Bongo Ondimba, d'un Faure Gnassingbé ou d'un Karim Wade. L'ambition politique ne lui est venue que sur le tard.

Né à Lyon de Jacqueline Chamois, militante communiste, et d'un père alors opposant, il passe son enfance entre la France et la Côte d'Ivoire, toujours « ou trop blanc ou trop noir ». « Il ne parle pas le bété, et n'a jamais passé du temps dans le village natal », explique l'un des proches conseillers de son père. À Paris, il milite à Lutte ouvrière, mais c'est Abidjan qui l'attire. Il y intègre la Fesci, le sulfureux syndicat étudiant de gauche, puis la Jeunesse du Front populaire ivoirien (Fpi), le parti fondé par son père. Le fils du principal opposant ivoirien aime le frisson, met des miroirs sur ses montres pour observer ceux qui le suivent et joue à la clandestinité. Mais en 2000, lorsque son père accède au palais présidentiel, on ne le voit que rarement. Il n'est d'aucune réunion politique, jamais consulté. Il profite des largesses du pouvoir, monte une société de conseil, écrit des poèmes, et passe une thèse de psychologie à l'université d'Abidjan.

C'est à sa sortie de prison, en août 2013, qu'il mesure la puissance de son nom. « L'incarcération en casse certains et en révèle d'autres », estime Diabaté Bêh, son plus proche ami. Privés du père, les militants du Fpi adulent le fils. « Je n'y suis pour rien. Quand ils me voient, ils ont l'impression de voir un petit bout de Laurent Gbagbo », commente-t-il.

 

Porte-voix

 

De plus en plus, il se rend aux meetings, s'assoit au premier rang, s'octroie une place au sein de la direction du Fpi. Et y prend goût. Professeur de psychologie pour 800 000 F Cfa par mois (environ 1200 euros) à la faculté de criminologie d'Abidjan, il suscite la curiosité de ses élèves, et passe son temps libre à s'occuper d'un parti divisé depuis la chute de son leader. Un jour, sur les « violences contre les étudiants », l'autre contre les « détenus politiques », il use de son nom pour multiplier les déclarations, désormais de plus en plus bruyantes, et regrette le manque d'implication de certains cadres du Fpi. Rangé du côté des vieux camarades de Laurent Gbagbo rassemblés sous la houlette d'Aboudramane Sangaré, il a plusieurs fois été chargé de médiation avec la frange conduite par l'ancien Premier ministre, Pascal Affi N'Guessan. Peu à peu, il s'est imposé au premier plan, devenant aujourd'hui le nouveau visage et l'un des porte-voix du part (...)

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