Procès en assises / Assassinat de Yves Lambelin et autres : Des révélations troublantes d'un militaire de la Garde républicaine
Accusé, le commissaire Loguey : « Je suis ahuri. Il ment »


Le procès en assises contre le général Dogbo Blé Bruno, 7 militaires et deux civils, s’est poursuivi
  • Source: linfodrome.com
  • Date: vend. 24 fév. 2017
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Le troisième accusé dans le procès en assises contre le général Dogbo Blé Bruno, 7 militaires et deux civils, pour « enlèvement, séquestration, assassinat et disparition de cadavres » de Yves Lambelin, Frantz Di Ripel, Raoul Adehossi et d'un quatrième, le 4 avril 2011, est monté à la barre, le jeudi 23 février 2017, pour donner sa part de vérité.

Le Sergent-chef Koffi Félix Houphouët était, en effet, opérateur radio à la Garde républicaine (Gr), au Palais présidentiel, au moment des faits. Il était placé depuis une huitaine d'années sous les ordres du colonel Okou Modi Léopold, l'un des accusés. Koffi Félix Houphouët est poursuivi pour « disparition de cadavres ». « Ce 4 avril, j'étais de permanence au bureau des radios depuis le 30 mars 2011. Nos fréquences étaient constamment brouillées, on n'arrivait pas à communiquer. On fait tout pour rétablir la communication. Ça m'irritait un peu. J'ai entendu dehors du bruit. J'ai vu un soldat à qui j'ai demandé ce qui se passait. Il m'a dit qu'ils avaient attrapé les espions qui brouillaient nos transmissions », a déclaré l'accusé, ajoutant qu'il est sorti pour voir « par curiosité », et a aperçu dans l'arrière-cour, 4 personnes nues qui étaient molestées. « Il y avait un homme en tee-shirt blanc et un jeans noir. Il avait un gilet. Il interrogeait un noir qui pleurait. Il y avait un vieux blanc assis recroquevillé sur lui, et un autre blanc aux cheveux noirs, et un métis très fatigué », a décrit l'accusé Koffi.

 

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Il a affirmé s'être opposé à la façon dont ils étaient traités. Sergent-chef Koffi, qui a soutenu qu'il revenait d'un stage sur les Renseignements généraux, a demandé qu'on vide tout le monde, parce que plusieurs personnes les entouraient. Ainsi, c'est au moment de retourner à son bureau, selon lui, que le colonel Okou Modi l'a rencontré et lui a demandé de regagner son poste. Il a soutenu avoir dit au colonel Modi de prendre des dispositions pour éviter un drame. De retour au bureau, il a expliqué à ses collègues comment il avait été rabroué par son supérieur, juste avant que survienne les tirs aériens. « Le colonel Modi me demande, après les tirs: ''qui a tué les gens ?''. Je lui ai dit :'' quels gens ?'' et je suis allé voir à la fenêtre. J'ai vu qu'ils étaient couchés. Le colonel m'a dit: '' on fait comment ?''.  Je lui ai dit : ''c'est vous le colonel '' », a rapporté Koffi Félix Houphouët à la barre du juge Mourlaye Cissoko. Avant d'ajouter: « je vous avais prévenu ». Alors, l'officier supérieur lui a demandé, a-t-il témoigné, avec d'autres militaires, d'enlever les corps.

 

Les noms des codes dévoilés

« Il y avait du sang, ils étaient nus. Il y avait la pluie. La corvée était dure. Le monsieur au tee-shirt rouge et un autre avec des gants en civil, étaient devant. Celui qui avait les gants nous a montré comment on enlève les corps. C'est un pompier. Le vieux blanc était derrière la fenêtre des toilettes. Quand je voulais le soulever par les épaules, il a soupiré. J'ai sursauté et j'ai crié : ''il n'est pas mort''. Le commissaire Osée Loguey a pris une kalach qui était mise en bandoulière, avec l'un des trois militaires qui sont venus nous aider, l'a chargée et a achevé le vieux blanc. C'est le commissaire Loguey qui était en tee-shirt rouge mais je ne le connaissais pas. La suite de la corvée a été pénible », a raconté l'accusé, donnant au passage les indicatifs du général Dogbo Blé et d'autres officiers à la Gr.

Ainsi, le commandant de la Gr à cette période se faisait appeler « Atlas », le colonel Modi portait l'indicatif « Cosmos », l'opérateur radio, « Mercure » et le Palais présidentiel « Lingot ». Le témoin-accusé a surtout affirmé avoir intercepté une transmission qui parlait « de colis » mais n'y a pas prêté attention parce qu'il ne lui était pas destiné. « J'ai vu ces personnes mais après, elles étaient mortes », a-t-il  dit. À la barre, il a soutenu n'avoir jamais vu deux de ses co-accusés civils au Palais présidentiel, au moment des faits. Mais comme, à l'en croire, l'enlèvement des corps était difficile, Koffi Félix Houphouët a avoué au juge, avoir « suggéré » au colonel Modi de jeter les corps dans la lagune. Une chose que son supérieur aurait refusée. « J'ai demandé au commissaire Loguey pourquoi il avait fait ça. Il m'a dit : ''moins tu en sais, mieux ça vaudra'' », a-t-il relaté, confirmant les tirs aériens sur le Palais présidentiel ce jour-là. Il a aussi souligné qu'il n'a plus jamais entendu le général Dogbo Blé sur le réseau de la radio.

 

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Même s'il reconnaît qu'avant ces faits, le général Dogbo avait tenté de joindre le colonel Modi. « Sur la radio, on entendait le président Alassane Ouattara qui appelait, nous appelait au ralliement, ou c'était l'Abidjanaise ou un bruit aigu qui brouillait les fréquences. Je n'ai jamais entendu le colonel donner des instructions pour rechercher des brouilleurs », a déclaré le Sergent-chef Koffi. Interrogé par la partie civile, il a indiqué ne pas savoir où les corps ont été mis. On s'en souvient, seul le corps d (...)

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