Victime d'injustice, dépossédée de son terrain puis emprisonnée : Une veuve de 15 enfants implore Alassane Ouattara


Dans cette affaire, la loi du bulldozer semble être au-dessus des lois de la République
  • Source: Soir Info
  • Date: mar. 02 août 2016
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C'est une histoire à scier le cœur...C'est un combat de pot de terre contre le pot de fer... Une pauvre veuve, sans moyens, sans défense, sans soutien et de surcroît analphabète, avec en charge 15 enfants, est en passe d'être spoliée, si ce n'est déjà fait, du seul bien qui fonde sa raison de vivre aujourd'hui, après la mort de son mari, dans des circonstances floues…

Un puissant  homme, qui se réclame proche du chef de l'État, Alassane Ouattara, a monté un «  dossier » pour s'emparer de son terrain, sis à Cocody-Angré à Bessikoi. Cet homme, Haidara Mamadou, que nous avons joint, vendredi  29 juillet 2016, se défend. Lapidairement : « J'ai été victime d'une escroquerie… J'ai saisi la justice et je ne souhaiterais pas m'étendre dans la presse. Ce terrain m'a été cédé et je suis dans mon droit de l'occuper ».  Mais la veuve,  dame Yawa Sowa Jocelyne épouse N'guetta Téha, crie à l'injustice et interpelle le chef de l'État. « Au secours, président », lance-t-elle, en sanglots.  Le terrain querelleux est situé à Cocody-Angré, 9 ème tranche  sur les lotissements de Béssikoi, lot n° 5537 îlot 498.   L'affaire commence en 2011.  Elle et son défunt époux Nguetta Téha, acquièrent, à 4 millions de F cfa, auprès de Dame Mampé Ahoua  Solange, propriétaire coutumière,  le lot 5537 îlot 498 à Abobo-Baoulé en 2009. Le terrain en question est issu du plan de lotissement de Djorobité II-Extension, d'une contenance de 30 ha suivant le titre foncier n° 358.  Une «  Attestation d'attribution » leur est délivrée, certifiant l'acte de cession.  En attendant de réunir les fonds nécessaires à la construction de leur habitation, son époux tombe subitement et gravement malade.  Il ne se remettra pas de sa maladie. Il décède au Chu de Cocody, le 04 novembre 2011. C'est le début de ses ennuis. «  Après le décès de mon époux, contre toute attente,  un individu, du nom de Haidara Mamadou,  que je n'avais jamais vu auparavant, revendique la propriété de notre terrain, c'est-à-dire le lot 5537 îlot 498 et vient l'occuper, au motif que ce lot serait sa propriété », nous confie, en pleurs, la veuve de 15 enfants. «  Je pensais que j'étais dans un rêve », note-t-elle.  Mais  lorsqu'elle  pousse  ses enquêtes à fonds, elle découvre  qu'en fait, « Haidara Mamadou prétend avoir acheté le terrain avec un certain  N'guetta Kadjo Théodore ». Elle dit ne connaître ni d'Adam, ni d'Eve ce  N'guetta Kadjo Théodore.  Qu'à cela ne tienne, N'Guetta sort «  un certificat de vente » qui aurait été signé de son mari.  « C'est un faux grossier... », réplique la veuve.  Le  terrain lui aurait donc été «  cédé » selon lui, par N'guetta Kadjo Théodore, «  en compensation de deux lots n° 5546 et 5599 ». 

 

La justice tranche…

« Mon époux ne m'a  jamais fait cas ou informée d'une quelconque vente de notre terrain » soutient Dame Yawa Sowa Jocelyne épouse N'guetta. Elle fait remarquer que «  la présumée décharge de vente qu'on m'a présentée est un grossier  faux, ne comportant aucune signature de mon époux ».  C'est ainsi qu'elle  saisit  la justice, par l'entremise de Mampé Ahouo Solange, celle qui leur a vendu le terrain convoité.  Le 16 février 2015,  le Tribunal  tranche en sa faveur, par décision n°209 Civ-3ème,  dans l'affaire Mampé Ahou Solange et autres contre  Kadjo N'guetta Théodore qui a cédé illégalement « en compensation » le terrain du défunt Kouakou Téha à Haidara Mamadou.  De fait,  par décision n° 209 Civ-3em,  le Tribunal de première instance d'Abidjan Plateau, que présidait N'dri Topkan Bertine, Koffi Konan Émile  et Kouadio Charles Winner ( juges),  dans l'affaire Mampé Ahouo Solange contre Nguetta Kadjo Théodore  a « ordonné le déguerpissement de N'guetta Kadjo Théodore de la parcelle litigieuse ».  Le Tribunal est allé loin en ordonnant, par ailleurs, «  la démolition des édifices faits par N'guetta Kadjo Théodore  sur la parcelle de terrain de 30 ha,  ordonne le déguerpissement de N'guetta Kadjo Théodore,  tant de sa personne, de ses biens que de tous occupants».  Le motif invoqué par le Tribunal  est  que le sieur  « N'guetta Kadjo Théodore est illégalement installé sur le site ne lui appartenant pas, y a érigé des constructions et cédé  des parcelles  à des individus...sans titre, ni droit ».  Forte de cette décision du Tribunal et   face à ses nombreuses et écrasantes charges familiales, la veuve Yawa Sowa Jocelyne épouse Nguetta Téha  se décide de vendre leur terrain. Elle se tourne, naturellement, vers Mampé Ahouo Solange à qui elle donne  procuration.  C'est avec cette dame que  son défunt époux  avait  acquis le terrain en 2009. Celle-ci trouve un nouvel acquéreur. Le  24 mai 2014, le  terrain n° 5537 îlot 498 lui est vendu.  La nouvelle propriétaire légale, cadre au ministère de l'Education nationale,  entame les travaux de terrassement et érige une fondation. Mais contre toute attente, elle se heurte  à une farouche opposition de  Haidara Mamadou. Celui-ci revendique  ce lot numéro 5537 îlot 498, arguant  «  qu'il lui a été cédé en compensation » par un certain N'guetta Kadjo Théodore, dont l'occupation venait d'être ordonnée par la justice.  L'imbroglio est totale. La confusion aussi. En fait,  Haidara Mamadou a acheté, lui aussi, sur les mêmes lotissements de Béssikoi,  deux terrains, avec la famille Mampé. Il  soutient «  avoir été grugé, dans l'acquisition des lots 5546 et 5599, par N'guetta Kadjo Théodore ». Celui-ci, pour se tirer d'affaire, n'a eu d'autres réflexes que de céder  le terrain du défunt, c'est-à-dire le mari de la veuve,  à son client, Haidara Mamadou. C'est à ce niveau que se situe le nœud gordien du litige... Il s'engage alors un bras de fer sur le terrain opposant, le nouvel acquéreur, Haidara Mamadou, N'guetta  Kadjo, la veuve, prioritaire légale et Mme Mampé Ahouo Solange, propriétaire coutumière.  Un autre terrain est proposé à Haidara Mamadou qui le refuse, préférant plutôt le lot de la pauvre veuve.  Accrochages, destructions, affrontements se multiplient sur la parcelle litigieuse. «  Mon mari et moi, nous sommes mariés légalement. Je n'ai jamais eu, auparavant, avec les sieurs Haidara Mamadou et N'guetta Kadjo Théodore, une quelconque transaction visant la cession à leur profit de ladite parcelle litigieuse », souligne-t-elle.

 

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