Référendum, 3ème mandat, succession de Ouattara / Dah Sansan dit ses vérités : ''Ouattara n'a jamais dit qu'il ferait un seul mandat''
Sa réponse à Wodié et Bléou Martin


(Photo d'archives)
  • Source: L'Inter
  • Date: vend. 08 juil. 2016
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Au-delà de son titre de député de Bouna, Dah Sansan Tikouété est le président du Rassemblement des jeunes du Rdr (Rjr), instance dirigeante de la jeunesse du Rdr, parti au pouvoir. Dans cet entretien qu'il nous a accordé, ce sachant dans l'ambiance qui prévaut au sein de la formation politique du président de la République, Alassane Ouattara, donne ses réponses. Succession de Ouattara, Soro - Hamed Bakayoko, nouvelle Constitution, etc. Entretien!

Monsieur le député, quelle est la situation actuellement à Bouna où avait éclaté un sanglant conflit intercommunautaire il y a quelques mois ? 

Effectivement, le mois de mars a vu Bouna dans une posture difficile et très délicate pour les cadres que nous sommes. La situation est calme aujourd'hui, tous les cadres s'activent de manière définitive à corriger les imperfections qui ont donné lieu à tout ce que nous avons constaté. 

Avec du recul, dites ce qui a mis le feu aux poudres ?

Je souhaite vraiment ne pas évoquer des questions qui nous font honte, parce que je doit avouer que la situation de Bouna, en tant que cadre du Rdr de surcroit, nous a fait beaucoup honte. Dire qu'à Bouna, avec toute l'ouverture du président de la République envers ce département, nous n'avons pas pu faire face à une telle situation au point d'occuper le président avec cette défaillance, est une honte à l'ensemble des fils et filles de Bouna. 

Les conflits communautaires sont résurgents un peu partout en Côte d'Ivoire. Comment expliquez-vous ces incidents, en tant que parlementaire?

Effectivement, la situation n'est pas spécifique à Bouna. Elle est vieille et répandue un peu partout. La particularité au niveau de Bouna, c'est le niveau de cruauté que cela a connu. Sinon, plus ou moins, c'est une situation nationale. Tout le monde sait plus ou moins que les conflits peuhls et agriculteurs ont toujours été difficiles. Je sais que le président de la République et son gouvernement ont  pris des mesures, des lois sont adoptées sur la transhumance, notamment. Donc, des solutions sont en vue pour endiguer ce mal. 

Au-delà des conflits agriculteurs-éleveurs, il y a les conflits fonciers. Que font les députés, que vous êtes, pour prévenir ces crises ?

L'Assemblée nationale prend des initiatives concurremment avec l'Exécutif. Mais, l'Exécutif a devancé de loin le Parlement sur la question. Je vous parlais tantôt de la loi sur la transhumance qui a été adoptée. Vous savez aussi qu'en termes de dispositions réglementaires, l'Exécutif est beaucoup plus efficace. Nous avons des Directions régionales et départementales de l'Agriculture qui font face régulièrement à ces questions sur le terrain. Les représentants de l'État sur place sont au parfum de tout ce qui se passe. Les remontées d'informations permettent à l'État de prendre les dispositions qui s'imposent et de solliciter l'avis de l'Assemblée nationale pour légiférer. 

A Bouna, le député que vous êtes avez subi d'énormes préjudices. Votre véhicule a même été incendié. Qu'est-ce qui explique une telle violence?

En tant que député, je dois pouvoir me mettre largement au-dessus de toutes ces contingences. Vous verrez que depuis que j'ai subi cet incident, j'ai communiqué très peu là-dessus et je me suis toujours attelé à jouer le rôle de rassembleur que je dois être. Vous avez parlé du véhicule, mais imaginez ce qu'un député peut avoir sur lui quand il se déplace pour aller faire face à une telle situation, imaginez tout ce qui était dans mon sac, et la frustration que ça cause. Mais tout ça, comparé à un Bouna paisible qui peut répondre aux aspirations du chef de l'État, nous devons absolument nous mettre dans une posture d'objectivité et laisser les subjectivités. C'est ce que je tente de faire. 

Parlons franchement. A Bouna, on parle de conflit d'intégration entre Lobis et Koulangos. N'est-ce pas l'origine du problème ? 

Non! Les Koulangos et les Lobis vivent ensemble depuis des siècles. Tout le monde connaît le peuplement de Bouna et les peuples qui y vivent.

Peut-on dire aujourd'hui que le feu est éteint à Bouna?

L'État a ses démembrements sur le terrain pour l'attester. Mais nous, avec nos yeux de représentants du peuple, nous posons tous les jours les actes qu'il faut pour apaiser davantage la situation. Nous pensons que les choses se passent bien pour l'instant à Bouna et que les dispositions sont en train d'être prises pour ne plus qu'on revive ce qui s'est passé. 


La question fait polémique en ce moment en Côte d'Ivoire, la réforme constitutionnelle. Les positions sont tranchées sur la rédaction d'une  nouvelle Constitution ou la simple révision des textes qui existent. Quelle est la position du politique que vous êtes?


Je me demande bien s'il devait y avoir débat sur la nécessité de réécrire la Constitution. Logiquement, si nous sommes un Etat sérieux, avec des dirigeants sérieux, depuis l'adoption de la Constitution de 2000, on devait avoir le souci de modifier cette Constitution pour l'adapter à la réalité ivoirienne. Tout le monde a été unanime pour dire que c'est une Constitution qui a été établie dans des conditions particulières en ce sens que l'orientation objective que devait revêtir l'esprit de son élaboration a fait grandement défaut. Cela obligeait d'office les pouvoirs en place à repenser cette Constitution. Cela n'a pas été fait pendant de longues années. Si aujourd'hui, on a un père de famille qui veut rassembler tout le peuple ivoirien à travers l'acte juridique, il ne devrait pas y avoir de tergiversation. 


Le problème se pose en termes de révision ou de réécriture. Qu'en dites-vous ? 
Ça dépend des dispositions qui seront touchées. Si c'est une révision superficielle, la méthode est différente. Si c'est une révision qui prend en compte beaucoup plus d'éléments, comme je l'ai dit tantôt, il appartiendra à l'initiateur de nous donner la formule qu'il veut qu'on adopte.


Des praticiens du droit disent que le changement de Constitution exige un référendum préalable. Du coup, on se bat sur les questions de procédure. Ne craignez-vous pas justement que ce débat conduise au blocage du projet ?

Etes-vous en train de me dire qu'il faut réunir le peuple et lui demander : ''Voulez-vous qu'on aille au référendum ?''. Et si peuple répond ''oui'', on revient maintenant préparer un papier et retourner devant lui pour lui soumettre le projet pour adoption? Donc deux référendums?


C'est ce que disent les constitutionnalistes, les professeurs Wodié et Bléou?

Moi, je pense qu'il faudrait respecter le peuple. Il faut économiser aussi. Parce que c'est une démarche que nul n'a vu au monde. Je ne vois pas en quoi cette démarche est juridique. Allez demander au peuple s'il est d'accord pour aller au référendum avant de lui soumettre même le projet de Constitution. C'est un peu manquer de respect au peuple. Allez à un premier référendum, ensuite un deuxième, ça va coûter cher à l'État de Côte d'Ivoire


Le Comité d'experts créé est remis également en cause parce que constitué uniquement de juristes. N'est-ce pas une autre faiblesse au projet ?

Je suis d'accord que d'autres intellectuels non juristes veuillent s'associer au projet d'élaboration de la nouvelle Constitution parce qu'ils estiment que c'est un acte qui n'est pas uniquement juridique. C'est aussi un acte politique et il est bon qu'on ait des intellectuels autour du projet. Mais, c'est un comité d'experts, et n'oublions pas que la Constitution est d'abord un acte juridique avant d'être politique. Vous savez que l'homme du droit a toujours ce sens élevé de responsabilité, d'objectivité. Or, nous avons besoin d'une Constitution consensuelle, débarrassée de toute considération politique. Donc, en mettant en place un comité d'experts constitué de juristes aujourd'hui, le président de la République met en avant l'objectivité, l'impartialité dans l'élaboration de la nouvelle Constitution. A tous ceux qui veulent bien s'associer, les débats sont ouverts. Le président de la République a fait des consultations. Il continue ces consultations. Toutes ces réflexions seront reversées dans le dossier des experts.


D'aucuns estiment que le débat aurait dû se faire entre le Comité d'experts et les organisations constituées dans une sorte de dialogue direct, puisque c'est le comité qui est chargé d'élaborer la nouvelle Constitution...


Ce n'est pas le Comité qui est chargé d'élaborer la nouvelle Constitution. Ce sont des réflexions que ce Comité soumet au président de la République, donc à l'Exécutif, qui fait ses observations avant d'envoyer le texte à la Représentation nationale pour que l'Assemblée nationale puisse faire ses observations, au besoin apporter des modifications, avant de soumettre, de façon définitive, le texte au peuple. Le Comité d'experts n'a pas un pouvoir étendu comme pourraient le penser certains. C'est juste une proposition qu'il soumet à l'Exécutif. 


Est-ce qu'il n'aurait pas été judicieux de créer une commission comme en 2000, où tout le monde était représenté pour éviter les suspicions ?

Ce travail qui sera fait par le Comité d'experts est déjà consensuel. Ne ramenons pas le débat à la question de 2000. En 2000, il y avait une situation exceptionnelle. La Constitution avait été dissoute à l'occasion du coup d'État. Dans un tel schéma, on repart sur de nouvelles bases. C'est ce qui a obligé les tenants du pouvoir, à cette époque, à mettre en place une commission consultative pour proposer au peuple ivoirien une Constitution. Dès lors que la Constitution est dissoute, en droit constitutionnel, on doit mettre en place un corps constituant qui doit proposer une nouvelle Constitution pour adoption par le peuple. C'est ce qui a été fait en 2000. Aujourd'hui, nous sommes dans une procédure judiciaire normale. Nous avons un pouvoir régulier qui veut, conformément à la Constitution, proposer une modification en profondeur de la Constitution. Les choses ne sont pas les mêmes. A la limite, rien n'empêchait le président de la République de réunir son gouvernement, comme il le fait pour tous les projets de loi, et faire une proposition de modification de la Constitution à l'Assemblée nationale. Mais, dans un souci de prendre en compte toutes les aspirations du peuple, non seulement il met en place un comité d'experts indépendants, il consulte le peuple ivoirien à travers les forces vives de la Nation et reverse le fruit de ces échanges dans le dossier des experts. Vous voyez que la procédure est inclusive et ne devrait pas souffrir d'interprétations. 

Au cours de ces consultations, les chefs traditionnels ont proposé un 3ème mandat pour le président. Une idée qui rejoint, comme par hasard, une sortie du ministre Cissé Bacongo, membre du Comité d'experts. Est-ce aussi votre avis ?

Lorsqu'on prononce un mot, il y a certes l'aspect formel de la chose, mais il y a l'esprit qui y est attaché. Sans doute l'esprit qui est attaché à ce que les rois et chefs traditionnels ont dit, c'est l'esprit de la continuité des actions du président de la République. Ses œuvres sont si belles que les Ivoiriens ont envie de voir cette possibilité de continuer avec les actions du président. C'est ce qui a sans doute amené les chefs à dire qu'ils n'étaient pas opposés à un troisième mandat. Pas avec Alassane Ouattara, mais dans un esprit de continuité des actions d'Alassane Ouattara. Si la question m'est posée, je répondrai que la continuité des actions du président Ouattara s'impose. Il faut absolument que ces actions se poursuivent. Il ne faut pas qu'il y ait de rupture. 

Mais pas avec Alassane Ouattara forcément, voulez-vous dire? 

Les textes de la Constitution le disent clairement. Le président de la République est élu pour un mandat de 5 ans renouvelable une seule fois. Je sais que le président Alassane Ouattara es (...)

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