Arnaque autour des logements sociaux : Des souscripteurs floués par une opération immobilière
L'opérateur immobilier dit ses vérités
Le président Ouattara interpellé


Les logements de l'entreprise Mouroufié sur la route de Bassam. (Photo CDM)
  • Source: L'Inter
  • Date: sam. 09 avr. 2016
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Ils ont souscrit avec joie au projet des logements sociaux lancé en 2012. Des années plus tard, ils sont nombreux les souscripteurs à s'interroger sur leur sort. Une enquête exclusive sur le sujet révèle qu'ils ne sont pas au bout de leur peine.

Octobre 2015. La campagne électorale de la présidentielle bat son plein. Alassane Ouattara, premier promoteur des logements sociaux dont il a fait un axe important de son programme, est sur le terrain pour solliciter le suffrage du peuple en vue d'un second quinquennat. Dans son bilan, «qui plaide en sa faveur», selon ses partisans et ses communicants, les logements sociaux sont mis en relief pour convaincre les électeurs. Pour certains citoyens, notamment des souscripteurs aux logements sociaux, plus préoccupés par leur sort, ce message a du mal à passer. Avec ce projet de logements, ils vivent une sorte de cauchemar entretenu par une arnaque qui ne dit pas son nom. Pourtant, ils ont cru en ce projet et y ont souscrit en grand nombre, malgré l'alerte venant des opposants qui criaient déjà à l'arnaque. Malheureusement ! Après avoir attendu plusieurs années, baladés de promesse en promesse, ces Ivoiriens voient leurs espoirs s'évanouir. Ils sont victimes d'un opérateur immobilier qui leur a mis la poudre aux yeux: l'entreprise Mouroufié Sarl dirigée par K. Adou, à qui le gouvernement a fait confiance pour bâtir des logements sociaux. L'une de ses dizaines de victimes est Amadou. Le vendredi 23 octobre 2015, dernier jour de la campagne présidentielle, ce dernier nous joint par téléphone et demande à nous rencontrer de façon urgente. Nous lui donnons rendez-vous le 26 octobre 2015, le lendemain du scrutin, à notre Rédaction. A l'heure indiquée, il est dans nos locaux. La tristesse se lit dans son regard. «Je suis venu dénoncer le promoteur Mouroufié et sa structure. Ils nous ont encouragés à souscrire aux logements sociaux malgré notre réticence. Ils nous ont convaincus que le chef de l'État a donné sa parole, et comme j'ai confiance au président Ouattara, j'ai accepté de le faire», déclare-t-il d'emblée, quand nous lui demandons le motif de sa visite. En effet, Amadou fait partie des premiers souscripteurs aux logements sociaux. Il a ouvert son dossier à Mouroufié Sarl en décembre 2013, en conformité avec les conditions du Centre de facilitation de formalité d'accès au logement (Ceffal). «Depuis décembre 2013, j'ai souscrit pour un logement social de deux pièces d'un coût de dix (10) millions Fcfa, à la cité Modeste sur la route de Bassam. J'ai payé un million quatre cent quatre-vingt quinze mille (1.495.000) Fcfa. On m'a présenté les plans des maisons et j'ai choisi. Ils m'ont demandé le type de contrat pour lequel je veux opter, et j'ai dit un contrat à tempérament», explique-t-il. Hormis cela, il doit payer 40 mille Fcfa par mois comme acompte.

 

Les souscripteurs vivent un vrai drame

A ce jour, le montant versé au titre de l'acompte avoisine les 380 mille Fcfa. Parmi les options de paiement des logements, à savoir le cash, le paiement sur trois ans et le paiement à tempérament, Amadou a choisi cette dernière option. Elle consiste à obtenir auprès d'une banque le paiement intégral du coût de la maison que le souscripteur devra rembourser sur une période de 20 ans, moyennant des frais d'intérêt. Mais le rêve d'Amadou d'entrer en possession de «sa maison» va se briser ce vendredi 23 octobre 2015 où il nous a contacté. Ce jour-là, il reçoit une convocation de son promoteur lui demandant de se rendre à ses bureaux, à la Riviera Golf. Pour Amadou, ce sera certainement la fin de la longue attente. Mais, sur place, grande sera sa surprise. «Je me rends là-bas et on me dit que nos maisons ont été vendues à des personnes qui ont payé cash», s'étonne le souscripteur. Pour le consoler, le promoteur lui fait savoir qu'il dispose d'une nouvelle parcelle à Vitré (Bassam) et qu'il pourra obtenir une autre maison là-bas, s'il le souhaite. Parce que les logements sur ce nouveau site n'auront pas les mêmes coûts. Ils ont augmenté de deux millions de Fcfa. Ceux de 7,5 millions de Fcfa passent à 9,5 millions de Fcfa. Ceux de 10 millions passent à 12 millions de Fcfa, quand ceux de 15 millions de Fcfa passent à 17 millions de Fcfa. Amadou n'en revient pas, il se sent floué et arnaqué. Non seulement il n'a pas la maison, mais il devrait payer encore plus. Il est ahuri. «Le chef de l'État dit que ce sont des maisons sociales, et là on voit que c'est pour les riches. Je dénonce. En plus, on nous parle de terrain disponible à Vitré, que nous ne connaissons même pas. Pour moi, c'est nous faire acheter le poisson dans l'eau. Qu'est-ce qui prouve que, demain, ils ne vont pas avancer les mêmes raisons pour vendre les nouvelles maisons et nous programmer pour un autre site?», s'interroge-t-il. La misère qu'il vit, lui et plusieurs autres souscripteurs, il veut la porter à la connaissance de tous. «Je suis venu dénoncer cela pour que toute la Côte d'Ivoire sache que ce qui se passe n'est pas bon. Quand on fait une promesse, il faut la tenir. C'est dans le mois de mai qu'on devrait nous livrer les maisons, mais ils ont fait croire qu'il y avait une pénurie de ciment. Et aujourd'hui, on nous dit que les maisons sont vendues cash. C'est de l'arnaque», soutient-il. Il y a un fait qui rend Amadou perplexe. Un ami qu'il a convaincu de souscrire seulement en 2015, qui n'était donc pas sur la liste de départ, a obtenu le numéro de sa maison. En février 2016, il est en train de remplir les formalités auprès de l'huissier de justice pour recevoir définitivement les clés du logement. «Son frère qui est en Europe l'a aidé à payer», révèle-t-il.

 

Le président Ouattara interpellé par les victimes

Face à cette situation, où trouver la solution à leur souffrance ? Amadou sollicite l'intervention du président Ouattara. Il espère trouver gain de cause auprès de lui. «Monsieur le président de la République, si vous êtes venu pour les pauvres et que vous voulez nous aider, pensez à nous. Nous ne pensions pas que nous aurions un jour une maison, mais c'est grâce à vous que cela est possible. Si on doit nous arnaquer chaque fois, qu'allons-nous devenir ?», supplie-t-il le président de la République. Amadou n'est pas la seule victime de l'entreprise Mouroufié. Bien des souscripteurs ont été floués, mais ont peur de parler. Ce qui n'est pas le cas de Fatou qui a aussi trouvé le courage pour dénoncer cet «abus de confiance». «Ce n'est pas normal ce qu'ils font. C'est vraiment injuste, et le chef de l'État doit réagir parce que c'est son projet. Il ne peut pas laisser des opérateurs nous malmener comme cela», martèle-t-elle.  A  l'entreprise Mouroufié, que nous avons joint par téléphone, une commerciale a confirmé la vente des maisons. «Oui, on peut avoir une maison cash mê (...)

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