Malade depuis 16 ans / Le comédien Adjé Daniel rompt le silence
« Je regrette amèrement...»
Son regard sur le théâtre ivoirien

  • Source: L'Inter
  • Date: dim. 03 avr. 2016
  • Visites: 5791
  • Commentaires: 0
Le comité d'organisation de la 36ème édition du Popo carnaval organise une journée- hommage en l'honneur d'Adjé Daniel, ce vendredi 1er avril, à Bonoua. Avant cet événement, le comédien se livre aux Ivoiriens

Adjé Daniel, le Comité d'organisation du Popo Carnaval  2016, vous honore à travers une journée -hommage, vendredi (aujourd'hui). Comment avez-vous accueilli la nouvelle ?

Cette nouvelle m'est bien parvenue et je l'ai bien accueillie. C'est même un étonnement de ma part.

 

Pourquoi êtes-vous surpris?

J'ai 72 ans. Depuis très longtemps, cela ne s'est jamais passé à Bonoua. Pourquoi maintenant? Nous sommes à la 36ème édition du Popo Carnaval, on n'a jamais honoré quelqu'un ainsi. Et c'est sur moi que c'est tombé. J'en suis très flatté.

 

Pour vous, que représente cette reconnaissance?

En pays Abouré, c'est surtout ceux qui ont beaucoup étudié. J'ai vu l'hommage fait au professeur Aholi. C'est quand même un sauveur. Il est professeur agrégé. Mais je ne savais pas que l'homme de la rue aussi pouvait recevoir un tel hommage. C'est d'ailleurs pour cette raison que je dis que c'est un étonnement.

 

Pensez-vous que cet hommage aurait dû être fait un peu plus tôt?

Oui et non. Parce que ça m'étonne. En pays Abouré, on nous appelle les ''Akpassmandi''.

 

Qui sont les ''Akpassmandi''?

Ce sont les gens qui ne savent pas s'occuper d'eux-mêmes mais qui préfèrent s'occuper des autres. 

 

Selon vous, les ''Akpassmandi'' ne méritent pas un tel hommage?

Ah non! Pas du tout. Parce que je n'en ai jamais vu.

 

Alors depuis l'annonce de cette bonne nouvelle, comment l'attendiez-vous?

C'est comme tous les autres jours. Je n'attends rien, surtout je serai très content de voir des amis des planche être autour de moi ce jour-là.

 

Voulez-vous dire que depuis que vous être malade, vous vous sentez abandonné?

Ah non! Comme on le voit souvent, vous savez, les hommes des planches, lorsqu'ils sont malades, ils sont abandonnés à eux-mêmes. Par contre moi, j'ai eu la visite de pas mal d'amis. J'ai été toujours dans la foule. C'est pour cela que je vous dis que, si je vois mes amis autour de moi, je serai content.

 

La foule et les planches vous manquent aujourd'hui?

Ah oui, absolument! Je regrette amèrement ces moments où je faisais rire les populations à travers les pièces de théâtre. Parce que cela me m'envoie pas directement de l'argent dans mes poches, mais les relations valent de l'argent, de l'or pour moi. Partout où je passe, je suis reconnu par quelqu'un. C'est toute ma chance d'être toujours avec des hommes qui me disent que je suis leur idole. D'ailleurs, il y a des coups de téléphone qui me parviennent de partout. Je ne sais même pas comment ils arrivent à avoir mon numéro. Mais ce qui sort de la bouche vient du coeur : « Je suis votre fan, vous êtes mon idole». A tout moment, c'est cela. Donc, je serai content de me retrouver parmi eux.

 

Depuis combien d'année luttez-vous contre la maladie?

Depuis 16 ans et demi, je suis malade. Le malade ne peut pas aller loin. J'ai ma petite famille autour de moi, c'est tout. Et des amis qui viennent me rendre visite.

 

Pourtant, des gens ont organisé des spectacles pour vous venir en aide financièrement. Qu'en dites-vous?

Des gens prennent mon nom pour faire des spectacles sans que je sois moi-même averti.

 

Avez-vous dénoncé ces faits?

Mon frère, moi-même je ne sais pas si demain je vais mourir, je vais prendre combien de temps pour poursuivre quelqu'un? Je ne poursuivrai pas quelqu'un pour ça ?

 

La maladie vous a éloigné des planches, certes, mais quel regard, l'un des pionniers que vous êtes, peut-il porter sur le théâtre ivoirien d'aujourd'hui?

J'aime parler de moi (il met un moment d'arrêt et demande de reprendre la question, avant de poursuivre...). Ça me fait très mal au cœur, mais c'est aussi très bien fait pour les journalistes ivoiriens qui ont dit, à l'époque, que je ne faisais pas du théâtre, que je faisais plutôt des mises en place. Ils disaient que le théâtre que je faisais était du théâtre populaire, donc du théâtre ''terre à terre'', pour lequel ils n'avaient aucune considération. Maintenant, je suis content qu'ils voient ce qu'est devenu leur théâtre de recherche. Maintenant, je crois qu'ils ont trouvé le vrai théâtre que les Ivoiriens aiment. Donc on les attend à la télé. 
Lire la suite sur L'Inter


téléphone don lutte livre Bonoua ivoiriens




Educarriere sur Facebook