Assassinat du général Robert Guéï : Me Singo Tia (Avocat de la famille Guéï) fait des révélations
Les rôles joués par Affi, Lida, Alain Toussaint
Ses réserves sur la présence de Guéï à la Cathédrale


(Photo d'archives)
  • Source: L'Inter
  • Date: mer. 18 nov. 2015
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13 ans après l'assassinat du général Robert Guéï, l'avocat de la famille, Me Singo Tia, indique dans cette interview ce qu'il pense du procès à venir, non sans dire le rôle joué par Affi, Lida Kouassi et Alain Toussaint dans ce crime qui continue d'alimenter les conversations.

Treize ans après l'assassinat du général Robert Guéï, où en est-on avec la procédure engagée ? 

Cela fait effectivement 13 ans que le général Robert Guéï a été assassiné. Nous avons eu un peu de difficultés au temps de Laurent Gbagbo pour porter plainte. Ce n'est que le 10 septembre 2012 que nous avons porté plainte au Tribunal militaire contre ''X'', militaires, gendarmes et l'Etat de Côte d'Ivoire pour assassinat du Gal Guéï et complicité d'assassinat. La même plainte, nous l'avons portée, le 7 septembre 2012, devant le procureur de la République près le Tribunal de première instance d'Abidjan-Plateau avec le même objet. Aujourd'hui, Dieu merci, grâce au président Alassane Ouattara, l'enquête suit son cours normal et nous estimons que c'est accéléré pour que nous aboutissions à un procès équitable. 

 

Avez-vous une idée de ceux qui ont enlevé et assassiné le général ?

Non et non! C'est pour cette raison que nous avons porté plainte contre ''X'', militaires, gendarmes et l'Etat de Côte d'Ivoire, parce que le 19 septembre 2002, nous étions tous en Côte d'Ivoire et captés sur nos postes de radio à l'intérieur de nos chambres. Seul Radio France internationale (Rfi) nous informait. Très tôt le matin, nous avons entendu Alain Toussaint (Conseiller du président Gbagbo, ndlr) faire des déclarations à partir du Vatican au moment où les kalachnikovs crépitaient à Abidjan. Les Ivoiriens terrés dans leurs maisons, on nous disait à la radio que ''ce qui se passait en Côte d'Ivoire, nous savons qui est derrière : c'est le Gal Robert Guéï''. Alain Toussaint l'a dit. Quelque temps après, Alain Toussaint est allé plus loin pour nous dire qu'on sait où il se trouve. Il est à la Cathédrale St-Paul d'Abidjan-Plateau. Quelque temps encore, les autorités ivoiriennes présentes sur le territoire à Abidjan comme à Yamoussoukro, en l'occurrence le ministre de la Défense d'alors, Lida Kouassi Moïse, a eu à faire une déclaration à la télévision pour nous dire que le Gal Guéï a été abattu par les gendarmes loyalistes du régime de Laurent Gbagbo parce qu'il partait faire sa déclaration de coup d'Etat à la Rti. Le Premier ministre d'alors (Affi N'guessan ndlr) a repris la déclaration à partir de Yamoussoukro. Dès lors pour le commun des mortels, ces personnes ont parlé au nom de l'Etat. Le président de la République étant en voyage au Vatican, si son Premier ministre fait cette déclaration et que son ministre de la Défense dit qui l'a abattu, nous on ne peut que porter plainte contre ''X'', militaires, parce que nous ne les connaissons pas, et eux, c'est l'Etat qu'ils représentaient. C'est une piste que nous avons donnée à l'enquêteur. On ne sait pas qui a assassiné le général. Nous, les ayants-droit, nous ne savons pas qui a assassiné le général. Mais, voilà la piste qu'on donne à l'enquêteur, et on attend que l'enquête aboutisse. 

 

Le mardi 10 novembre dernier, le Procureur militaire, le juge d'instruction et vous-même étiez à la cathédrale, au domicile du général au Plateau et à la Corniche, 13 ans après. Que recherchiez-vous par cette procédure ? 

C'est une procédure normale. Nous sommes en matière de crime. S'il y a une possibilité de reconstituer les faits pour éclairer davantage le juge d'instruction afin de mener à bon escient son enquête, je crois que c'est son plein droit. Cette reconstitution des faits n'est pas demandée par les ayants-droit ou les victimes que nous sommes. C'est une procédure purement judiciaire. C'est le juge d'instruction et le procureur militaire qui l'ont initiée. Ils nous ont appelé simplement pour assister. Je crois que c'est une bonne chose parce que tout cela va dans le sens de la manifestation de la vérité. 

 

Qu'a révélé cette étape de la reconstitution des faits ? 

L'enquête est secrète. J'étais présent, mais ce n'est pas moi qui l'ait initiée. C'est le commissaire du gouvernement et le juge d'instruction qui savent ce qu'ils recherchaient. Je ne peux vous dire si cette étape a relevé quelque chose. Je ne sais rien. Les deux personnes citées plus haut sont mieux placées pour vous situer. 

 

Avez-vous des témoins qui permettent d'élucider l'assassinat du général ? 

Pour nous autres victimes, si on a des témoins, ce seront les employés qui étaient à la maison le jour des faits, ou quelques survivants qui vont se présenter. Sinon, dire réellement qu'on a quelqu'un qui était présent le jour de l'assassinat, je dis non. Mais, avec l'enquête, peut-être que les gens vont dire certaines choses qui vont amener les enquêteurs à voir certaines personnes pour témoigner. 

 

Qu'en est-il des membres de sa famille également assassinés ? 

Vous savez, l'aide de camp du Gal Robert Guéï a sa famille. Peut-être que cette famille a engagé une poursuite, je n'en sais rien. Moi, en tant qu'avocat, je suis pour les ayants-droit du Gal Guéï, pour son assassinat. Pour sa femme, je n'ai pas porté plainte. Mais, par ricochet, tout cela va rentrer dans le cadre du procès du général. Sinon je n'ai pas porté plainte pour l'assassinat de sa femme. 

 

Est-ce que les pièces à conviction ont été mises sous scellé pour pouvoir encore servir ? 

Vraiment, je ne sais pas. Ceux qui mettent les pièces sous-scellé, dans ce cas d'espèce, c'est le procureur militaire et le juge d'instruction. S'ils l'ont fait, je ne peux pas le savoir. Je suis loin de leurs procédures, de leurs arrestations, si c'est avec un couteau ou une machette qu'il a été assassiné, on ne peut pas le savoir. C'est le jour du procès que tout cela sera déballé publiquement et on sera au courant de tout. 

 

Lors de la reconstitution des faits, il y a un témoin qui a nommément cité l'ex-capitaine de la gendarmerie, Anselme Yapo dit Séka Séka. Alors, allez-vous explorer cette piste ? 

Concernant la reconstitution des faits, je vous ai dit tout à l'heure que le commissaire du gouvernement et le juge d'instruction étaient sur le terrain. Ce sont eux qui savent les mobile de leurs recherches. Donc, celui qui a révélé ce nom que vous venez de dire et que je ne vais pas me permettre de répéter, cela l'engage. Moi, je ne l'ai pas entendu. Mais, si vraiment, il a eu à prononcer ce nom, c'est qu'il répondait à une question qui lui a été posée. Et ceux qui ont posé la question ont eu la réponse. Sinon, moi, j'étais là et on reconstituait les faits, et c'est ce que j'ai regard&eacu (...)

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