100 millions aux candidats / Nathalie Kouakou, Amnesty Côte d'Ivoire : « Ce geste banalise l'acte de candidature à la présidence » - « C'est un acte de mauvaise gouvernance » - « Le meilleur moyen de décrisper, c'est de libérer les prisonniers d'opinion »


Nathalie Kouakou estime que la meilleure solution pour des élections inclusives et apaisées, c'est la liberté provisoire des détenus d'opinion.
  • Source: L'Inter
  • Date: mar. 06 oct. 2015
  • Visites: 3386
  • Commentaires: 12
L'octroi d'un soutien financier de 100 millions F cfa à chacun des 10 candidats au scrutin présidentiel du 25 octobre prochain continue de susciter des réactions. A l'instar des hommes politiques, les activistes de la société civile ivoirienne donnent leur opinion sur la question.

72 H après l'annonce de ce « financement exceptionnel » accordé aux candidats, la présidente de la section Côte d'Ivoire d'Amnesty International, Mme Nathalie Kouakou, s'offusque de ces fonds alloués aux prétendants au fauteuil présidentiel.

Au cours d'un  entretien qu'elle nous a accordé sur la question à Grand-Bassam, le dimanche 4 septembre 2015, l'activiste des droits humains a déploré un acte de mauvaise gouvernance qui « piétine et même froisse la loi de finance » 2015 adoptée par le Parlement. Elle a donné l'exemple des Etats-Unis, où les candidats, à l'en croire,  vendent leurs programmes aux électeurs, qui, en guise d'engagement, financent eux, la campagne. Selon elle, cette méthode de mobilisation des fonds de campagne a le mérite de valoriser, d'une part, la volonté de briguer le fauteuil présidentiel à travers l'acte de candidature et d'autre part, d'éloigner les candidats des deniers publics dans un souci de bonne gouvernance. « En sa qualité d'économiste qui dit promouvoir la bonne gouvernance, le président-sortant devrait s'interdire des actes de gouvernance comme celui de l'allocation de fonds exceptionnels aux candidats à l'élection présidentielle. On relève qu'il décide lui-même en tant que candidat de se donner 100 millions de F cfa et d'en distribuer à ses adversaires. C'est un acte de mauvaise gouvernance, qui, en sus, banalise l'acte de candidature à la présidence de la République en distribuant autant d'argent à des gens qui veulent nous gouverner et qui n'ont rien fait que d'être candidats», a-t-elle estimé.

A la question de savoir si ce financement repose sur une base légale, à la lumière des cas pratiqués dans d'autres pays de démocratie, Nathalie Kouakou a reconnu que la décision du président Alassane Ouattara est conforme à la loi sur le financement des partis politiques de septembre 2004. Cependant, elle regrette qu'il n'y ait aucun mécanisme de contrôle des fonds alloués aux candidats. «C'est un financement sur fonds publics. Ce qui veut dire que les citoyens doivent avoir un regard sur l'utilisation de ce milliard qui  provient des impôts et divers taxes que nous payons. En France , l'octroi de ce financement est encadré et assorti de conditions connues de tous. Les candidats doivent tenir un compte de campagne, plafonner les dépenses de campagne et l'Etat français a mis en place une autorité administrative indépendante pour le contrôle des dépenses de campagne électorale et de financement des partis politiques. Ici, vu  qu'il s'agit de fonds exceptionnels, leur utilisation sera aussi exceptionnelle puisqu'il n'y a aucune mesure prise pour encadrer l'utilisation du milliard en question et permettre la transparence dans la gestion de cette manne financière», a-t-elle analysé. 

 

''Le mauvais cheval des élections inclusives''

La présidente d'Amnesty Côte d'Ivoire relève également que l'argument d'élections inclusives ne tient pas la route. A son avis, le gouvernement a misé sur un « mauvais
Lire la suite sur L'Inter


Grand-Bassam Côte d'Ivoire don fonds Alassane Ouattara France Etats-Unis Amnesty International élection présidentielle gouvernement candidature candidats élections ivoirien bonne gouvernance




Educarriere sur Facebook

Offres d'emploi du jour