Interview / Soro Guillaume : « Il reste encore beaucoup d'efforts à faire sur le plan sécuritaire » - « Ce que je regrette dans l'affaire Lobognon » - « Je reçois des coups tous les jours »


Soro Guillaume a abordé presque tous les sujets. (Photo d'archives)
  • Source: Soir Info
  • Date: vend. 19 juin 2015
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Fidèle parmi les fidèles du président Alassane Ouattara, Guillaume Soro ne ménage pas sa peine pour défendre le bilan de son mentor à la tête de la Côte d'ivoire. Un bilan qu'il vante avec aisance dans cet entretien, prédisant même un succès du candidat du rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix dès le premier tour de la prochaine élection présidentielle, prévue pour octobre 2015.

Le jeune (43 ans) président de l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire, qui se considère comme un homme de mission, n'esquive aucune question. De la justice à la réconciliation nationale, en passant par la sécurité et son antagonisme réel ou supposé avec Hamed Bakayoko, le ministre de l'intérieur, ainsi que sur ses relations privilégiées avec Blaise Compaoré, l'ancien président du Burkina Faso, Guillaume Soro explique, argumente, témoigne…

 

Notre Afrik: Quel bilan allez-vous mettre en avant pour le président Alassane Ouattara durant la campagne électorale?

Guillaume Soro : Ce qui est frappant et très visible, c'est son bilan économique. Arriver au pouvoir dans le contexte que vous connaissez, avec une décroissance économique de près de 7% et remonter la pente pour maintenir le taux de croissance à environ 10% trois années durant, ce n'est pas rien ! La relance de l'économie nationale est évidemment un grand succès. Dans certains pays où je suis allé, on m'a demandé quel était le secret de la Côte d'Ivoire pour avoir un taux de croissance aussi élevé...Au plan diplomatique, la Côte d'Ivoire a réussi à revenir dans le concert des nations. Notre pays est redevenu crédible sur le plan international grâce à l'action du président de la République. De même, sur le plan sécuritaire, la Côte d'Ivoire est redevenue une destination sûre. Pour preuve, notre aéroport vient d'être certifié par l'agence nationale américaine de sécurité. Je pense que le bilan du président Ouattara est tel qu'il est en mesure de remporter la présidentielle dès le premier tour.

 

Cette embellie économique ne se ressent pourtant pas encore dans les paniers de toutes les ménagères ivoiriennes.

Soyez patients. Trois ans de croissance ne vont pas rendre tous les Ivoiriens riches tout de suite. Vous n'ignorez pas dans quel état le président Ouattara a trouvé le pays. Aujourd'hui, grâce aux politiques sociales mises en place, notamment la couverture maladie universelle, les Ivoiriens commencent à ressentir les bienfaits de la politique volontariste du président. Sans compter les nombreux chantiers lancés dans l'ensemble du pays. La Côte d'Ivoire a ainsi renoué avec les grands projets d'infrastructures, vecteurs de développement et créateurs d'emplois. Le pont Henri Konan Bédié, troisième pont de la capitale économique, et qui relie le Nord et le Sud d'Abidjan, inauguré en décembre 2014, en est une parfaite illustration.

 

Sur le plan sécuritaire, tout n'est pas encore rose…

Évidemment, il reste encore beaucoup d'efforts à faire  notamment en raison d'un contexte sous régional précarisé, qui joue effectivement sur la Côte d'Ivoire, compte tenu  de  la libre circulation des  personnes. Reste aussi à régler la question du désarmement et de la réinsertion  des ex-combattants.  Si vous prenez par exemple le cas du  Rwanda, 17 ans  après  les  événements  de  1994,  le pays n'a pas encore fini de régler ce chantier de  réinsertion  des ex-combattants. C'est un processus long.

 

L'un des griefs fait au président Ouattara par l'opposition est l'absence de volonté pour aller rapidement à la réconciliation nationale…

Je comprends l'impatience des uns et des autres,  mais des questions comme  celle  de la réconciliation ne peuvent pas se résoudre par enchantement ou  par un  coup de baguette  magique. Voyez-vous,  dans l'Afrique du Sud  post-apartheid, on continue de parler de réconciliation, et pourtant, c'est un processus entamé depuis le début des années 1990. J'ai le sentiment qu'on est trop impatient avec la Côte d'Ivoire, peut-être aussi parce que la Côte d'Ivoire suscite beaucoup d'espoir. Il faut laisser du temps pour que les douleurs s'apaisent, pour que les plaies se cicatrisent. Et c'est dans ce prolongement qu'on pourrait renforcer la réconciliation

 

Au Front populaire ivoirien, les partisans de l'ancien président, Laurent Gbagbo, s'estiment encore persécutés aujourd'hui.

S'ils ne le disaient pas, ce serait surprenant parce qu'ils n'ont pas d'autres discours pour attendrir la communauté internationale. 

 

Le président Ouattara doit-il gracier l'ex-Première dame Simone Gbagbo?

Le président de la République ne peut pas la gracier tant que la procédure judiciaire n'arrive pas à son terme.

 

Et si cela peut contribuer à l'apaisement?

Il revient au  président de la République d'apprécier.

 

On reproche aussi au président de pratiquer le rattrapage ethnique,notamment en ce qui concerne les nominations dans l'administration…

C'est un slogan politique. Pour la simple raison que  lorsqu'un  président de la République est élu, il vient évidemment  avec une équipe. S'il ne reste qu'un précarré qui l'accompagne, surtout quand on a longtemps duré dans l'opposition  et qu'on est passé par  mille  épreuves . C'est  donc  avec ses hommes de confiance qu'il s'installe. Aussi, ne peut-on  parler de  rattrapage, du moment où on a connu le pré carré du président Ouattara.  On ne peut pas lui demander de chasser ses fidèles quand il arrive au pouvoir. Ces derniers doivent-ils être brimés parce  qu'ils  sont  de la même région que lui ? J'ai été Premier ministre du  président Ouattara et nous avons toujours  privilégié  la  compétence.  Tous les Directeurs  généraux que j'ai nommés à la Primature, l'ont toujours été sur appel à candidatures. Il faut éviter une autre ivoirité à rebours. Qu'on nous présente des  Ivoiriens qui ont été nommés par le président Ouattara sans avoir la compétence requise. A  ce moment, on pourra en discuter.

 

L'appel de Daoukro est-il viable?

Je suis convaincu que le fait de mettre le Pdci (Parti démocratique de Côte d'Ivoire, Ndlr) et le Rdr (Rassemblement des républicains, Ndlr) ensemble, et que les héritiers du président Félix Houphouët-Boigny se retrouvent pour recréer le grand parti qu'il avait laissé, le Pdci-Rda (Parti démocratique de Côte d'Ivoire - Rassemblement démocratique africain, Ndlr) est une bonne chose. Cet appel de Daoukro est comparable à celui de 1951, lorsque, face à la multitude de partis politiques et à la politique du « diviser pour régner du colon », Houphouët-Boigny avait demandé à tous les partis de venir fusionner pour créer le Pdci-Rda.

 

Êtes-vous partisan d'une réunification Pdci-Rdr?

La Côte d'Ivoire a trop souffert de ces divisions.  L'union fait la force. Dans la mesure où  ces deux partis n'ont pas d'opposition idéologique et ont le même Adn, pourquoi devrait-il avoir morcellement des forces politiques ?

 

Certains caciques du Pdci contestent la démarche d'Henri Konan Bédié, le président du parti…

Cela est  légitime mais pas démocratique. Qu'ils aillent  le faire au sein des instances du parti, en l'occurrence le congrès du Pdci-Rda.

 

Le fait que Charles Konan Banny prenne la tête des frondeurs ne va-t-il pas compliquer les choses?

Non, pas du tout ! Je ne vois aucun inconvénient à la candidature de Charles Konan Banny.

 

Avez-vous fait la paix avec Charles Konan Banny après votre passe d'armes sur les réseaux sociaux en mars dernier?

Passe d'armes, c'est trop fort.

 

Que s'est-il passé ?

J'avais fait un discours dans lequel j'ai dit qu'« on ne devient pas président grâce aux

applaudissements ». Peut-être que certains proches de M. Banny ont pensé que je m'adressais à lui. Jamais je n'ai pensé à lui. Je voulais simplement dire que pour être président, il faut avoir beaucoup plus d'atouts que les applaudissements. Il faut avoir du charisme et de la compétence.

 

Et que pensez-vous de cette nouvelle coalition pour le changement qui vient de voir le jour?

C'est légitime que l'opposition s'organise pour aller aux  élections.  C'est cela la démocratie. On aura des élections intéressantes. 

 

On vous annonçait à un moment à la présidence du Rdr. Ce job vous intéresse-t-il?

On ne peut pas empêcher les rumeurs d'aller bon train. Sachez que le Rdr va organiser un congrès ordinaire  au cours duquel le nouveau  président sera  élu.  Si à ce congrès-là, certains militants pensent que je peux assumer le  job,  je

ne me défausserai pas. 

 

En Côte d'Ivoire, vous êtes l'homme politique qui communique le plus via les réseaux sociaux [Plus de 160 000 followers (...)

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