Un an après sa sortie de prison / Jean-Yves Dibopieu se lâche et fait de graves révélations : « Des exilés vivent dans un luxe insolents » - Ses vérités sur Affi, Lida, Douaty...


(Photo d'archives)
  • Source: L'Inter
  • Date: jeu. 04 juin 2015
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Dans la déclaration ci-dessous intitulée ''Pourquoi je me tais?'', dont copie nous est parvenue, Jean-Yves Dibopieu, leader du mouvement patriotique ''Solidarité africaine''(Soaf) livre des secrets sur son exil, sa détention et la vie de certains cadres du Front populaire ivoirien (Fpi). Nous vous en proposons de larges extraits.

Fin mai 2014 - fin mai 2015, voilà exactement un an que le Seigneur m'a sorti des fours du régime conservateur au pouvoir, après 16 mois de détention. Après ma libération, j'ai produit une déclaration afin d'expliquer aux Ivoiriens et au monde les conditions de notre enlèvement, le commandant Abéhi et moi, depuis Accra, et celles de ma détention, particulièrement infernales, par l'institution étatique qu'est la Dst (Direction de surveillance du territoire, ndlr) (...)

 

Les prémices de la crise qui secoue le Fpi

En effet, dès ma sortie de prison, malgré mon état de santé encore très précaire, rempli d'espoir pour la suite du combat, j'ai rendu visite à un certain nombre de nos cadres à leur domicile. Accompagné de certains de mes camarades, j'ai d'abord rendu visite au président Pascal Affi N'guessan. Quelques jours après, j'ai visité le ministre Douaty Alphonse. Je suis passé voir le ministre Lida Kouassi à son tour. Puis, j'ai visité l'ex-directeur général du port d'Abidjan, Marcel Gossio. J'ai eu les prémices de cette crise qui secoue aujourd'hui le parti (Ndlr, le Fpi) grâce à certains qui ont bien voulu s'ouvrir à moi. A ceux-là, je me suis contenté de dire qu'ils avaient la capacité de trouver une solution en interne. Quelques jours plus tard, c'est avec tristesse que je découvre dans la presse les problèmes du parti, exposés, nus. Et les attaques commencèrent, les coups provenant de n'importe où. La passion était si forte que je présageais avec amertume ce à quoi nous assistons aujourd'hui. Voilà comment je me suis rebiffé, après avoir résolu de ne m'afficher ni à droite, ni à gauche. C'est ma façon à moi de protester, et je l'assume. Et comme il fallait naturellement s'y attendre, le régime, perché depuis le balcon de son piédestal, se frotte les mains, observe et manœuvre. Et l'on ne peut que se débattre dans les jérémiades solitaires et dispersées. Au vu de ce que je sais, et de ce que je vois, je comprends que l'on n'a vraiment pas tiré les leçons et pris la vraie mesure de l'adversaire, voire l'ennemi en face. En effet, avant la prison, j'ai passé deux(2) ans en exil: 1 an et 6 mois à Lomé et six(6) mois à Accra. Lorsque j'étais en prison, je m'interrogeais sur l'attitude de nos compatriotes là-bas, et en particulier nos cadres. L'exil est un tremplin pour la plupart, pour assouvir des désirs malsains loin du regard du peuple ivoirien. C'est le lieu d'expression de vices incroyables. Ces comportements étaient-ils nés subitement du fait du stress de l'exil ou alors émaillaient-ils le quotidien de nos gens depuis ici? Je ne saurais y répondre. Mais, ce que je sais, c'est que l'exil n'a pas pu servir pour se repentir, pour une remise en cause… Pour nos compatriotes qui sont restés au pays, c'est peut-être difficile de comprendre, mais pour nous qui sommes allés en exil, il n'y a pas de doute. Sur le plan politique, c'est pire, il n'y a aucune entente. Chacun pense avoir eu l'occasion de devenir ce qu'il n'a jamais été. Ainsi, tout le monde est devenu chef dans un désordre indescriptible qui empêche toute organisation constructive. Dans un tel contexte, les Ivoirienssont abandonnés à eux-mêmes. Chacun se bat et se débrouille comme il le peut. Même les camps de réfugiés, qui devraient au moins attirer l'attention des gens, sont livrés à eux-mêmes, laissant les Ivoiriens croupir dans une misère sans précédent.

 

Les camps de réfugiés au Togo et au Ghana

A Lomé, pour la première fois que je me suis rendu au camp des réfugiés, je n'ai pas pu retenir les larmes. Je ne pouvais pas supporter de voir des Ivoiriens vivre sous des tentes comme on le voyait à la télé pour les cas de la Somalie, de l'Ethiopie…Pendant mon séjour au Ghana, j'ai rendu visite dans un camp de réfugiés, à El Mina. J'y étais allé avec l'artiste Gédéon et d'autres amis; nous avons passé toute la journée jusqu'à la nuit avec des Ivoiriens. La misère était au rendez-vous. Pendant ce temps, ils sont nombreux, ceux qui sont régulièrement entre deux avions, ceux qui vivent dans des luxes plus insolents que lorsqu'ils étaient ici au pays. Ceux qui habitent dans des châteaux dans des quartiers où même des cadres ghanéens ne peuvent avoir accès… Ceux-là, ils sont comme des dieux, malgré la triste situation dans laquelle nous étions. N'a pas accès à eux qui veut, et leurs désirs sont des ordres. Moyennant leurs fortunes colossales, ils pensaient pouvoir manipuler tous, même ici au pays. Je sais toutes ces choses, et cela donne à réfléchir. Au passage, juste pour vous informer, sachez que pendant que j'étais ici, en train de mourir en prison, ma femme et mes enfants, qui sont restés six(6) mois à Accra avant de rentrer au pays, n'ont jamais reçu ni visite, ni soutien, ni même salutation téléphonique de la part d'aucun de nos cadres là-bas. Dans sa première interview, lorsqu'il est rentré, Paul Mady's l'a si bien résumé dans cette expression: «il n'y a pas de solidarité en exil». Par ailleurs, une situation des plus fondamentales qui mérite beaucoup d'attention, c'est l'aspect relationnel de nos cadres entre eux-mêmes. Nos cadres sont belliqueux et se plaisent dans des dénigrements et des intrigues politiciennes les uns contre les autres. Déjà, même avant les élections présidentielles de 2010, tout l'entourage du président Gbagbo était en conflit interne les uns contre les autres. Ai-je besoin de rappeler des noms ou des cas? Ces conflits inutiles ont malheureusement brisé la carrière politique des uns et emporté physiquement d'autres. Dans toutes les régions du pays, dans notre camp politique, c'était la guerre interne, alors que l'essentiel était en face. Et cette guerre interne, insensée, s'est déportée en exil. J'en veux pour preuve, le cas du ministre Lida Kouassi. Ce pauvre monsieur, alors qu'il périssait sous le poids (...)

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