Déguerpissent de la caserne BAE de Yopougon / 687 ex-combattants menacent : « On veut notre argent, sinon... » - Les assurances de l'ADDR


Une séparation est toujours difficile. Mais celle-là s'opère pour la bonne cause.
  • Source: Soir Info
  • Date: lun. 27 avr. 2015
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Les bras croisés, le regard perdu dans la grande broussaille qui entoure les bâtiments inachevés de la caserne de la Brigade anti-émeute (Bae) de Yopougon, Koné Moustapha, presque 40 ans, s'apprête à embarquer dans l'un des neuf cars affrétés par la compagnie Utb pour transporter les 687 ex-combattants qui habitaient le camp, jusqu'à M'Bahiakro, situé au centre du pays. Là-bas se trouve l'un des nombreux sites de resocialisation de l'Autorité pour le désarmement, la démobilisation et la réintégration (Addr) qui va les accueillir.

« On va faire comment, on nous demande de partir. Mais moi, je n'ai pas confiance en l'Addr », nous lance Moustapha. Cet homme, édenté, est vêtu, comme ses compagnons, d'un survêtement de couleur noir et porte un gros sac en bandoulière, dans lequel se trouve son équipement de démobilisé. « Des camarades sont partis en reso (resocialisation : processus visant à rendre sociable les ex-combattants en vue de les réintégrer dans la vie active) mais on ne leur a rien donné. Ils n'ont pas reçu leurs 800.000 francs Cfa. Ils sont revenus au camp de la Bae », nous informe-t-il. Avant de se convaincre : « L'Addr ne fonctionne pas bien ». Au camp de la Bae en construction depuis plusieurs années, on court çà et là pour rejoindre son car, ou pour prendre de quoi à manger. M'Bahiakro, ce n'est pas la porte d'à côté ! Certains ex-combattants sont excités à l'idée de partir découvrir d'autres horizons. D'autres, moins enthousiastes, craignent pour leur avenir. Ils laissent à Abidjan, la capitale économique de la Côte d'Ivoire, leurs femmes et leurs enfants, sans moyens et sans logis.

Koffi est tout remonté. Il affirme avoir pris les armes depuis 2002, quand la rébellion a éclaté. « Cela fait trois ans que mes trois enfants ne vont pas à l'école », indique-t-il. Il dit être un laissé-pour-compte dans cette aventure où on lui avait promis, au départ, 5 millions de francs Cfa et une maison. « Moi, je veux être militaire. Mais les matricules ont été vendus à d'autres. Ce n'est pas bien », s'offusque Koffi. Encouragé par ses camarades d'infortune, il se libère. « Si le président de la République (Alassane Ouattara. Il a ordonné le 16 avril 2015, depuis Tiassalé, où il était en visite officielle, que tous les ex-combattants quittent les sites militaires ou non qu'ils occupent depuis la fin de la guerre post-électorale en 2011) veut la paix, il faut qu'il donne nos 800.000 francs. C'est ce qu'ils ont dit après leur promesse. Notre argent ne peut pas être avec lui et puis il va partir aux élections. S'il veut que les élections se passent bien, qu'il donne notre argent », menace Koffi. Toutefois, il veut essayer la resocialisation que lui propose l'Addr. « Je m'en vais faire la resocialisation, à mon retour, qu'on me donne mon argent », lance-t-il. Derrière lui, des jeunes ex-combattants sont installés à bord du car n°4. Ils sortent leurs têtes par les issus de secours (fenêtres des cars) et narguent les militaires venus les encadrer. « Prochainement, n'hésitez pas à nous appeler ! On fera le travail ! », lance un ex-combattant au visage d'un colonel de l'armée, riant aux éclats.

Souleymane, lui, avait une activité avant de rejoindre les forces armées au plus fort de la crise de 2010. « Je fais la soudure et la peinture en bâtiment. Les frères sont revenus de Bouaké il y a six mois. On leur a demandé de quitter le camp. Il n'y a pas de suite. Je ne crois pas à cette affaire de reso, mais je m'en vais quand même », affirme-t-il. Il a la même appréhension que Doumbia Mohamed. « Des amis sont partis faire la reso. Après huit mois, on a rien vu. On s'en va mais si on ne nous donne rien, on saura comment gagner notre argent. Il faut que les gens sachent que nous sommes solidaires de nos camarades. Je suis venu (au camp) à 20 ans et j'ai 25 ans aujourd'hui », explique-t-il, accusant lui aussi les autorités militaires.

Quand on sonne le départ, une jeune fille, ex-combattante, s'écrie : « Seigneur Jésus ! » pour exprimer son anxiété. Les neuf cars sor (...)

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