Procès de la crise post-électorale : Mangou, Kassaraté et Guiai Bi Poin réclamés à la barre


Pour plusieurs activistes des droits humains, il est impérieux que des hauts gradés de l'armée dont Mangou, Kassaraté et Guiai Bi Poin passent à la barre. (Photo d'archives)
  • Source: L'Inter
  • Date: mar. 21 avr. 2015
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La révélation est de taille, surtout quand elle émane du milieu diplomatique.

Dans sa communication sur le thème : ''Protection des droits de l'Homme et lutte contre l'impunité en période post-conflit: comment concilier les nécessités de poursuites judiciaires avec la réconciliation et la paix'', à l'occasion de la rentrée solennelle du Mouvement ivoirien des droits humains (Midh), le jeudi 16 avril, le chef de la Division des droits de l'Homme de l'Onuci (Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire), M. Eugène Nindorera, l'a lâchée: «J'ai été à la Maca (Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan, Ndlr), et il y a des prisonniers qui m'ont dit: ''Pourquoi, moi, on va me poursuivre alors que je n'ai fait qu'exécuter des ordres ? Ce que j'ai fait, c'est sur ordre. Et celui qui m'a donné cet ordre, est ambassadeur quelque part. Oui, moi, si on veut me juger, il faut que l'ambassadeur soit là, à mes côtés aussi ''. C'est la réalité. Cela veut dire que, si on veut vraiment que la justice avance, il faut que des actes forts soient posés». On devrait en déduire, sans être un dévin, que de hauts gradés de l'armée ivoirienne, à la tête de la chaîne de commandement pendant la crise post-électorale, doivent être entendus dans le cadre des procès portant sur cette crise.

Certes, ici, l'ex-ministre burundais a voulu prendre un exemple, entre plusieurs autres, pour mieux faire comprendre et partager sa vision d'une justice nationale qui pose des actes forts, mais, il prend le soin de ne citer personne nommément, comme tout bon diplomate. Ce ne sera pas le cas de Me Hervé Gouaméné, cet avocat au barreau d'Abidjan, membre du staff de défense de l'ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo et ses proches, dont son épouse Simone et plusieurs autres prisonniers politiques détenus à la Maca. Ce juriste a carrément mis les pieds dans le plat : «Parlant de chefs militaires hiérarchiques, qui ont été promus ambassadeurs, il s'agit bien de Mangou et de Kassaraté qui étaient respectivement Chef d'État-major et commandant supérieur de la gendarmerie». Parmi les ex-hauts gradés de l'armée ivoirienne pendant la période couvrant la crise post-électorale, le premier est l'actuel ambassadeur de la Côte d'Ivoire au Gabon et le second est le chef de la représentation diplomatique ivoirienne au Sénégal.

Les militaires pro-Gbagbo incriminés de faits allégués de crimes pendant la crise post-électorale se réfugient derrière des ordres qu'ils auraient reçus de la chaîne de commandement en place au moment des faits. Ces prisonniers, qui auraient été envoyés et qui n'auront manifestement pas ''su se faire envoyer'', voudraient dégager leur responsabilité sur les chefs. D'où tout l'intérêt de leurs comparutions. Non pas forcément en tant que prévenus, mais en tant que sachants. Et ce, pour aider à faire éclater la vérité.

 

Une garantie de bon procès 

C'est du moins la position de Me Doumbia Yacouba, président du Midh. «Leurs déclarations peuvent nous amener à un bon procès. En vérité, si Mangou et Kassaraté viennent parler, on saura beaucoup de choses. Par exemple, si Mangou vient dire : ''voilà, j'étais chef d'État-major et en réalité, je n'avais pas les pleins pouvoirs et qu'il en donne les preuves, on va remonter à ceux qui avaient la réalité du commandement. Sinon là, nous sommes dans les suppositions. Si Mangou ne vient pas parler à la barre, on ne saura pas qui avait la réalité du commandement. Ce sera seulement de la conjecture. Si le juge l'interroge et qu'il dit contradictoirement comment les choses étaient organisées, et ''c'est même cela qui m'a amené à fuir pour aller me réfugier dans une ambassade'', il va dégager sa responsabilité et finalement, on saura qui, effectivement, a fait quoi. C'est ce que nous recherchons dans les procès», a-t-il expliqué. Puis d'ajouter: «Je sais qu'il y a des auditions en cours. Mais, c'est cela qui a manqué au procès en assises. Voyez-vous, les militaires relâchés devant le tribunal militaire l'ont été parce qu'ils ont pris cela comme ligne de défense. Eux, tous ont dit qu'ils agissaient sous ordres de tel ou tel autre chef. Mais, quand le tribunal a demandé que les chefs cités soient convoqués, il a été avancé que c'était impossible. Alors, la procédure s'arrête là. Dans notre appareil judiciaire, l'ordre du supérieur hiérarchique est un fait justificatif. Si on ne remonte pas la chaîne de commandement, on aura toujours des procès bâclés. Si on n'entend pas tous les vrais chefs militaires, on va faire toujours de faux procès, avec des éléments à charges faibles».

Me Gouamené est de cet avis. Il relève même que «c'est en réalité un cas d'incohérence et d'incongruité des poursuites» engagées contre des militaires dits pro-Gbagbo dans le cadre de la crise post-électorale. «On poursuit des militaires, mais nous savons tous que dans l'armée, (...)

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