Affaire Guy-André Kieffer : Bernard Kieffer accuse l'entourage de Gbagbo - Ce qu'il dit du régime Ouattara


Bernard Kieffer attend toujours que la lumière soit faite sur la disparition de son frère le 16 avril 2004 à Abidjan (Photo d'archives)
  • Source: Soir Info
  • Date: lun. 20 avr. 2015
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Le 16 avril 2004, le journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer disparaissait à Abidjan, alors qu'il enquêtait sur l'argent du cacao. Très vite, son frère Bernard se rend en Côte d'Ivoire et se lance à sa recherche aux côtés du juge d'instruction français Patrick Ramaël.

Une quête de vérité acharnée et toujours pas terminée que Bernard Kieffer raconte aujourd'hui dans «Le Frère perdu », un livre paru aux éditions la Découverte. Bernard Kieffer est l'invité de RFI.

 

RFI : Onze ans se sont écoulés depuis la disparition de votre frère, est-ce que vous pensez connaître un jour la vérité ?

Bernard Kieffer : C'est compliqué parce que le juge Patrick Ramaël, qui a enquêté sur cette affaire pendant dix ans, n'a pas réussi à localiser le corps. Il a pratiquement écrit tout le film de l'affaire, mais on ne sait pas où est le corps. Donc cette vérité-là, je ne sais pas si on arrivera à la trouver. En revanche, sur le sort qui a été réservé à mon frère, malheureusement, on n'a pas beaucoup d'illusion. Onze ans après sa disparition, je ne pense pas le voir un jour sur ces deux pieds.

 

Quelles sont les certitudes que vous avez aujourd'hui ?

C'est qu'il a été enlevé,on sait aussi qu'il a été détenu à la présidence ivoirienne dans le sous-sol du palais présidentiel à l'époque du régime de Laurent Gbagbo. On sait à peu près qui a commandité et qui a exécuté cet enlèvement. Parmi les principaux suspects d'avoir commandité l'enlèvement, il y a des gens très importants, des proches de Laurent Gbagbo, jusqu'à son épouse d'ailleurs, Simone.

 

Et aujourd'hui, aucun n'a été inquiété ?

Soit ils ont fui, soit ils n'ont pas été poursuivis pour cette affaire.

 

Qu'est-ce qui s'oppose aujourd'hui encore à la manifestation de la vérité selon vous ?

Une volonté politique en France comme en Côte d'Ivoire. La France n'a jamais exercé de pression politique très fortesur les autorités ivoiriennes, malgré toutes les demandes que l'on a pu faire. Parce qu'on voyait bien que le juge se débattait un peu tout seul contre vents et marées. Et en Côte d'Ivoire, c'est pareil. Tant que le régime Gbagbo était en place, on ne pouvait pas s'attendre à ce qu'il soit très conciliant. En revanche, après l'élection du président Ouattara, on s'attendait à un peu plus d'implication des autorités ivoiriennes et d'appui au travail des juges, d'autant que le président Ouattara nous avait dit : « Je vais vous aider et cette affaire va avancer ». On a l'impression que l'affaire est durablement enlisée là-bas.

 

Pour quelle raison selon vous ?

Je ne sais pas. Une des explications, c'est peut-être la démarche de réconciliation nationale qu'a engagée le président Ouattara, qui fait qu'il a plus envie de jeter un voile pudique sur toute cette turpitude passée que de ressortir les dossiers ou les cadavres du placard.

 

Dans votre livre, vous vous décrivez comme un citoyen, qui à travers cette enquête, découvre les coulisses de la Françafrique. Qu'est-ce qui vous a le plus étonné au fil de ces années ?

Quand l'affaire est arrivée, je ne connaissais pas du tout la Côte d'Ivoire, je n'y étais jamais allé. Arrivé sur place, ce qui m'a beaucoup étonné d'abord c'est que nous, la famille et le juge d'instruction, ayons pu y aller autant de fois que l'on a voulu. Ca m'a beaucoup surpris, je me suis aperçu après, que la façon de s'opposer à l'enquête du juge était beaucoup plus maligne. Plutôt que de nous empêcher ou de l'empêcher de venir, on lui mettait des faux témoins dans les pattes, on l'emmenait sur de fausses pistes, on le noyait sous des tonnes de procédures qui étaient sans aucun intérêt. Du coup, il était sans arrêt en but à l'inertie ou aux faux témoignages.

 

A quel moment, vous vous dites « On nous manipule » ?

Je l'ai ressenti dès notre première visite sur placequi s'est faite une quinzaine de jours après l'enlèvement. Parce qu'il se trouve que pendant qu'on était là-bas, on a retrouvé subitement la voiture de mon frère que l'on cherchait depuis trois semaines et qui était garée à l'aéroport. Ce n'était quand même pas un exploit considérable que de la retrouver. Là, je me suis dit, on voudrait nous faire prendre des vessies pour des lanternes, en nous faisant croire que mon frère a pris l'avion pour je ne sais où. Très vite, j'ai senti que la manipulation s'organisait autour de nous.

 

Vous n'épargnez pas non plus, dans votre ouvrage, la diplomatie française. Qu'est-ce qui vou (...)

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