Yéboué Lazare (membre du comité des sages du PDCI-RDA) livre des secrets sur Essy Amara - Son plan pour faire libérer Gbagbo


Yéboué Lazare soutient que son candidat pourrait aller à la Cpi voir Laurent Gbagbo… (Photo d'archives)
  • Source: Soir Info
  • Date: sam. 21 fév. 2015
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Yéboué Lazare est membre du comité des sages du Pdci-Rda dont les membres sont debout contre « l'Appel de Daoukro ».

Cet ancien président du Conseil d'administration ( Pca) de la Société ivoirienne de raffinerie ( Sir), sous le régime Gbagbo, a rejoint l'équipe d'Essy Amara dont il est un des stratèges pour la victoire de l'ancien ministre des Affaires étrangères à la présidentielle de 2015. Dans cette interview exclusive, il livre bien de secrets sur son candidat…

 

Quelle analyse faites-vous de cette confusion au niveau du Pdci, liée, notamment, à « l'Appel de Daoukro » et aux multiples candidatures qui se signalent ?

Yéboué Lazare : Nous avons, il y a trois semaines, au niveau du comité des sages, rendu publique notre position, à travers un courrier adressé au président Bédié pour donner notre point de vue sur ce qui se passe dans le pays. Nous attendons toujours la réponse.

 

Qu'avez-vous constaté de bien ou de mal qui se passe dans le pays ?

Y.L : A la suite de son appel qu'il a lancé à Daoukro, en tant qu'ancien président, cet appel qui consiste à demander au Pdci de renoncer à sa possibilité d'avoir un candidat en 2015 pour que le Pdci soutienne la candidature du président Alassane Ouattara, nous avons une lecture différente de la situation. C'est-à-dire, un parti qui ne participe pas à l'élection majeure la plus importante dans un pays, qui est l'élection présidentielle, est un parti qui est appelé à disparaître. Il a dit que son appel est sous-tendu par deux raisons. La première, c'est que le Rhdp gagne. La deuxième, c'est la création d'un parti unifié appelé le «  Le Pdci-Rdr ». Il est donc conscient que, le Pdci, ne participant pas à l'élection présidentielle, doit disparaître, pour s'unifier avec le Rdr.

 

Et cette conjoncture vous révolte-telle ? Etes-vous foncièrement contre ?

Y.L : Nous ne sommes pas d'accord. C'est la position de l'ensemble des membres du comité des sages. Et nous lui avons suggéré (…) de retirer son appel. Nous lui demandons, encore aujourd'hui, de retirer son appel de Daoukro. Parce qu'on ne peut pas faire le bonheur de quelqu'un contre son gré. Nous lui demandons de retirer son appel sagement.

 

Mais il a convoqué un pré-congrès les 21 et 28 février 2015, au cours duquel le peuple militant du Pdci va donner sa position...

Y.L. Ce n'est pas tout le peuple du Pdci qui est convoqué à se prononcer…

 

Mais, ce sont les membres des comités de base, les sections et les membres des Instances du parti...

Y.L : Oui, c'est exact ! Mais ce n'est pas tout le peuple militant du Pdci qui est convoqué. Ce sont les membres des instances qui vont voter. Parce que le militant lambda qui est à Diabo ne viendra pas voter. C'est le secrétaire de section qui le fera à sa place.

 

Comment voyez-vous l'issue de ce pré-congrès ?

Y.L : Pour vous parler franchement, nous avons des inquiétudes par rapport au discours que tiennent sur le terrain, les envoyés de Bédié, avec Maurice Kacou Guikahué en tête. Lorsqu'ils constatent, après avoir ouvert les débats, que les interventions des militants ne cadrent pas avec leurs vues, je veux dire leurs attentes, ils mettent fin au débat. Et ils brandissent une résolution qu'ils font lire par une personne. Partout où ils sont passés, c'est ainsi qu'ils ont opéré.

 

Que dit la résolution  en question ?

Y.L : La résolution dit : «  Nous tous qui sommes présents ici, nous sommes d'accord sur l'appel de Daoukro ». C'est un état de fait qui pose un grand problème. Si ça se poursuit ainsi et que le pré-congrès et le congrès extraordinaire se passent de la même manière, il y aura des problèmes. Cela veut dire que ce sera le même scenario qui s'est déroulé au 12 ème congrès ordinaire. Inévitablement, il y aura des problèmes.

 

Des problèmes de quelle nature ?

Y.L : Ce seront des problèmes d'entente et de cohésion… Pour le moment, c'est tout ce que je peux vous dire. Si c'est de cette façon que le congrès extraordinaire va se faire, je dis que ce n'est pas la peine de gaspiller de l'argent pour tenir ce congrès extraordinaire.

 

Quelle est à l'intérieur du pays, la tendance, concernant la position des militants par rapport à l'Appel de Daoukro ?

Y.L : D'une façon générale, les militants, dans leur écrasante majorité, sont contre l'Appel de Daoukro. Ils ne veulent pas en entendre parler. C'est pourquoi, nous avons mal de constater que le président Bédié ne veuille pas laisser la possibilité aux militants de s'exprimer librement à travers un vote démocratique. C'est totalement faux quand on dit, au Bureau politique, que tous les militants sont enthousiastes pour s'approprier l'Appel de Daoukro.

 

Mais l'Appel de Daoukro ne fait-il pas une grande ouverture au Pdci pour son retour au pouvoir, à travers l'idée de l'alternance en 2020 ?

Y.L : Au regard de ce qui s'est fait dans un passé récent, je suis dubitatif.

 

Qu'est-ce qui fonde votre doute ?

Y.L : On nous parle du Rhdp, mais le Rdr a une position ambigüe. Là où le Rdr est majoritaire, il refuse le Rhdp. Les faits sont là. Ce n'est pas moi qui le dis. Je prends un exemple : la commune de Korhogo a trois députés, les trois députés sont tous du Rdr. A Port-Bouët, il y a deux députés. On fait une liste de deux personnalités. Une du Rdr et l'autre du Pdci. A Bouaké, il y a quatre députés, ils sont tous issus du Rdr. On aurait, au sein du Rhdp, pu faire des listes consensuelles qui intègrent équitablement tout les partis. Mais le Rdr a refusé.

 

Voulez-vous dire que votre allié ne joue pas franc-jeu ?

Y.L : Je ne veux pas juger mon allié. Mais, le constat est là dans toute sa nudité.

 

Relativement à l'idée de l'alternance en 2020 proposée par Bédié dans son appel de Daoukro, avez-vous connaissance de la position de votre allié, le Rdr ?

Y.L : Nous ne connaissons pas encore la position officielle du Rdr. Jusqu'au aujourd'hui, au moment où vous m'interviewez, aucune personnalité officielle du Rdr ne s'est prononcée sur la question. Le Rdr officiel n'a jamais dit oui à l'alternance en 2020 en faveur du Pdci. Ce qui renforce encore mon doute quant à leur sincérité sur cette question précise et sur la faisabilité de cette alternance. Je doute fort que le Rdr donne le pouvoir au Pdci en 2020.

 

Donc, vous ne croyez pas en l'alternance en faveur du Pdci en 2020...

Y.L : Je me demande d'ailleurs pourquoi parle-ton d'alternance ? Pour qu'il y ait alternance, il faut qu'il y ait deux entités distinctes. Or, Monsieur Bédié dit : ''en 2015, une fois après l'élection du président Alassane Ouattara, on va à un parti unifié''. Cela veut dire qu'il n'y a plus de Pdci, ni de Rdr. Pour moi donc, l'idée d'une alternance, à ce niveau, n'a pas de sens. Il faut qu'on laisse le Pdci, dans son entièreté, le Rdr, dans son entièreté et on verra où il faut prendre un candidat à la présidentielle. L'idée d'une alternance n'a pas de sens.

 

Et quelle est la position des militants de base du Rdr sur cette question ?

Y.L : Là-dessus nous entendons des choses de la bouche de nos amis du Rdr qui nous disent : « Vous les gens du Pdci-là, soyez raisonnables. Le pouvoir n'est pas une tontine ». Nos frères du Rdr sont catégoriques sur cette question. Ils nous disent : «  le pouvoir, ce n'est pas une tontine pour qu'on le donne à tel aujourd'hui et à tel autre demain ». Je ne suis pas sûr que le Rdr nous passe la main en 2020. Je ne suis pas sûr que le Rdr accepte de quitter le pouvoir en 2020 au profit du Pdci-Rda.

 

Pourquoi avez-vous porté votre choix sur Essy Amara ?

Y.L : Il y a quatre de nos personnalités qui se sont déclarées candidats à la candidature. Moi, après analyse, j'ai décidé de soutenir le ministre Essy Amara.

 

Pourquoi Essy Amara et quelles sont les motivations de votre choix ?

Y.L : C'est un choix que je ne veux pas commenter maintenant. Nous sommes des enfants d'Houphouët-Boigny et nous avons pour mission de conduire le Pdci-Rda le plus loin possible. Nous ne pouvons pas accepter que le Pdci meurt.

 

Quelles sont, à vos yeux les chances et les atouts d'Essy Amara pour remporter les élections présidentielles face à Alassane Ouattara ?

Y.L : Essy Amara a de réelles chances de rempoter ces élections. Il a des stratégies que je ne voudrais pas décliner maintenant. Sauf cataclysme, il a de réelles chances de remporter l'élection présidentielle.

 

En dehors d'un appareil politique, j'allais dire d'une machine politique comme le Pdci, pensez-vous, véritablement, qu'il a une chance de gagner ?

Y.L : Ce sont les hommes qui constituent la machine du Pdci-Rda. Et ce sont ces mêmes hommes qui disent non à l'Appel de Daoukro. Donc, la question ne se pose pas.

 

Ils sont quatre qui vont se disputer l'électorat du Pdci. Ce n'est pas déjà un handicap pour votre candidat ?

Y.L : Tous les quatre se réfèrent toujours aux choix des militants. Chacun dit : ''si je suis choisi ou pas, je m'alignerai sur la décision des militants''.

 

A ce congrès extraordinaire, si les militants venaient à opter pour « l'Appel de Daoukro », votre candidat Essy Amara se maintiendra-t-il en course ?

Y.L : Les militants ne voteront pas pour une candidature pour ''l'Appel de Daoukro », en faveur de Ouattara… Je vous le dis. Si le vote se passe démocratiquement et sincèrement, l'Appel de Daoukro n'a aucune chance de passer. On va vers un passage en force de l'Appel de Daoukro. Bédié et ses hommes viendront imposer des résolutions aux militants.

 

Si ces résolutions sont imposées, Essy Amara, en militant discipliné, va-t-il s'aligner sur ces résolutions ou alors va-t-il maintenir sa candidature ?

Y.L : Essy Amara est candidat. Il n'est pas homme à se dérober de ses responsabilités. Il ne va pas se retirer parce que quelqu'un le lui a demandé. Il est candidat et ira jusqu'au bout.

 

Le lundi 16 février, vous vous êtes rendu à Daoukro en compagnie de votre candidat Essy Amara. Peut-on savoir ce qui s'est passé entre lui et M. Bédié?

Y.L : C'est une visite de courtoisie que le ministre Essy Amara est allée rendre à son président de parti. C'est un engagement qu'il a pris depuis Paris. Il a adressé une lettre personnelle au président Bédié pour dire qu'il allait le rencontrer dès son retour en Côte d'Ivoire.

 

Quelle a été la réaction de Bédié ?

Y.L : Il était content de nous voir. Je ne suis pas en mesure de vous dire de quoi il a été question entre les deux hommes, parce que nous qui accompagnions le ministre Essy, nous nous sommes retirés pour les laisser dans un tête-à-tête d'environ une heure.

 


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