Interview / Koné Katinan : « Gbagbo est notre candidat en 2015 » - « Ce qui m'oppose à Affi »


(Photo d'archives)
  • Source: Soir Info
  • Date: jeu. 13 nov. 2014
  • Visites: 3933
  • Commentaires: 1
Le porte-parole de Laurent Gbagbo, Koné Katinan Justin s'est confié à Afrikipresse ( dans sa version mise en ligne le mardi 11 novembre 2014) sur, entre autres, les conditions pour son retour en Côte d'Ivoire et l'actualité au sein de son parti. Nous vous proposons ce qu'il a dit.

Pouvez-vous donner vos sentiments  sur la fin de votre procès ici au Ghana, lié à la demande d'extradition formulée par le gouvernement ivoirien  ?

Koné Katinan :J'ai gagné le procès parce que le juge a estimé que les poursuites contre moi, étaient motivées par des raisons politiques.

 

Aujourd'hui, votre parti le Fpi (Front populaire ivoirien) traverse une crise interne quant aux choix des candidats pour briguer la présidence. Quelle lecture faites-vous de cette situation ?

En tant que cadre du parti, et également le porte-parole du président Laurent Gbagbo, j'ai appris que des militants l'ont appelé afin qu'il prenne la tête du parti. Moi, je suis parfaitement dans cette logique et autant que je peux, je l'appuie parce que je pense que c'est l'unique voie pour sauvegarder l'unité du parti qui fait face à des vents contraires. C'est lui, le ‘'ciment'' qui nous unit. Je suis donc dans l'action de ceux qui sont pour son retour à la tête du parti, non pas contre quelqu'un mais pour construire une nouvelle unité et une nouvelle cohérence autour de lui.


Vous vous inscrivez donc dans la logique de ceux qui disent ‘'Gbagbo ou rien'' ?

Je ne peux pas vous répondre en termes de ‘'Gbagbo ou rien''. Si des militants en sont arrivés au stade actuel, à faire appel au président Gbagbo qui est en prison,  c'est que nous les cadres du parti nous n'avons pas su répondre  à leurs attentes. C'est un échec collectif. Dans ces conditions,  il devient urgent que celui en qui chacun se reconnaît s'offre pour bâtir une nouvelle dynamique.


Pensez-vous qu'aux yeux du monde, cet appel est à l'avantage de l'ancien président qui est actuellement détenu à la Haye ?

Vous avez dit ancien Président? Si vous insinuez ancien Président de la République, je ne vous suis pas dans cette sémantique. Pour revenir au fond de la question, absolument ! Ce n'est pas inédit. Ce n'est pas la première fois que cela se passe. Je crois que nous devions comprendre une chose: si le président Laurent Gbagbo est en prison pour des raisons politiques, c'est par la voie politique que le problème doit être réglé. Il faut que le monde entier sache que lui, Laurent Gbagbo, incarne l'unité, au sein de notre parti mais au delà, il est aussi l'incarnation de la lutte que mènent les Ivoiriens pour leur pays la Côte d'Ivoire. C'est conforme au plan de lutte et à la réaction que nous devons avoir par rapport à la situation dans laquelle nous nous trouvons.


N'est-ce pas un mauvais choix pour vous, surtout que la Procureure de la Cpi a proposé 2015, pour l'ouverture de son procès, année au cours de laquelle il est prévu des élections présidentielles en Côte d'Ivoire. N'est-il pas souhaitable, comme le pensent certains, de tourner la page Laurent Gbagbo au profit d'un autre cadre du parti?

Comment pouvons-nous tourner une page quand tout le livre est écrit avec la même page ? On ouvre la première page, c'est la page Gbagbo, on tourne la deuxième page, c'est la page Gbagbo, ainsi de suite. Comment voulez-vous donc tourner la page, sauf à déchirer tout le livre ?


Nous faisons allusion aux prochaines élections...

Mais où est le problème pour les prochaines élections. En 2015, nous voulons des élections justes. Nous sommes partants mais notre candidat s'appelle Laurent Gbagbo, c'est si simple que ça…


Ce qui ne semble pas être l'avis d'une partie de la direction du FPI, avec à sa tête, Pascal Affi N'guessan qui aspire au changement...

Je pense que le président Affi a dit qu'il est candidat à la tête du parti mais il n'a pas dit qu'il est candidat pour des élections présidentielles. Il ne faut pas lui prêter de mauvaises intentions. Il demande au parti d'aller aux élections. Nous, sur cette question, en tant que parti politique, ne sommes pas en principe opposés à cela mais nous, notre candidat s'appelle Laurent Gbagbo. Pour être plus clair avec vous, vous allez peut être penser que j'ai des positions assez contradictoires mais je pense que pour la question des élections en 2015, nous avons une position fortement idéologique, et je vous le dis avec tout mon sérieux.

Depuis Abidjan, le Golf jusqu'à la Cpi en passant par Korhogo, le président Laurent Gbagbo est resté très constant dans ses propos, il dit ; ‘'j'ai gagné les élections''.  Et il défend cette position au prix de toute sa liberté, et même au prix de sa vie. Il n'est donc pas possible que nous, en tant que parti politique, que le résultat des élections de 2010, n'ait pas encore été tiré au clair et que nous parlions d'élections. Voilà qui est logique. Comme l'a toujours dit le président Laurent Gbagbo, il faut d'abord tirer au clair le litige électoral de 2010, avant de parler d'élection, sinon, ça serait une incongruité à travers laquelle nous donnerons raison à ceux qui ont soutenu le contraire.

Le problème que j'ai toujours eu avec notre parti ne date pas de maintenant. Je ne peux pas faire l'injure à Affi pour dire que c'est lui qui a commencé cela. Nous avons seulement pensé que compte tenu de sa légitimité au sein du parti, qu 'il allait changer la donne mais cela n'a pas été le cas. C'est une situation qui a toujours existé depuis Mamadou Koulibaly jusqu'à Affi en passant par Miaka Ouréto, le jeu n'a jamais été clair par rapport à Laurent Gbagbo.

Le sort du Président Laurent Gbagbo a toujours été noyé dans des séries de problèmes au point que cette contradiction principale n'a pas été suffisamment mise en exergue. C'est-à-dire qu'on va aux négociations et on fait une panoplie de propositions : ‘'dégelez nos comptes, on veut ceci, on veut cela'' etc. Alors qu'il y a eu un problème essentiel  en Côte d'Ivoire suite à la dernière élection présidentielle. Pour une très large opinion nationale, le vainqueur de cette élection se trouve actuellement en prison. C'est une injustice qui doit attirer de façon exclusive, l'attention de son parti. C'est pourquoi je n'ai jamais été d'accord avec la façon confuse dont ce problème est posé.


Donc pour vous, il faut que le litige électoral de 2010 soit tiré au clair avant toute chose ?

Absolument ! Vous voyez, ils nous ont eu, ceux d'en face, qui font ce qui les arrange parce que dès l'instant où vous être dans la logique d'aller aux prochaines élections, c'est une façon de tirer un trait sur tout ce qui s'est passé….Vous voyez, j'ai à peine 48 ans et je suis en exil. Ma femme a toutes les peines pour venir me voir, j'ai mes enfants qui vivent loin de moi. Ce n'est pas de gaieté de cœur que je suis ici. Avec la situation qui s'est passée, il n'est pas normal que les responsables du parti qui sont en Côte d'Ivoire et ceux qui sont exil, ne puissent pas s'accorder sur le minimum. Dites-moi, quelle est la différence entre le Fpi, qui est un parti politique ivoirien, et les partis de l'opposition sénégalais ou burkinabé, par exemple ?

Toutes les oppositions se battent pour qu'il y ait des élections justes et transparentes dans leur pays respectif. Mais la crise qu'il y a eu en Côte d'Ivoire n'est pas un problème d'élection, c'est un problème idéologique fondamental. Le FPI est présenté comme un parti qui éveille le souverainisme et se bat donc contre certains réseaux. Ce sont ces mêmes réseaux-là qui nous disent ‘'allez aux élections'' parce que c'est ce qui est bon pour vous. Tant que le Président Laurent Gbagbo est en prison, le FPI, moralement, ne devait même pas aborder cette question d'élection, nous devrions rester fermes et les gens comprendraient qu'il y a un problème en Côte d'Ivoire. Si on nous dit : ‘'allez-y aux élections'' et qu'on part aux élections, notre combat devient illisible à l'international et personne ne s'en préoccupe parce que c'est le combat de toutes les oppositions du monde. Alors que nous, nous sommes une opposition persécutée aussi bien au plan national qu'au plan international.

Quand le secrétaire général de l'Onu fait le bilan des exilés dans le monde en 2014, et qu'il ‘'oublie'' de citer les exilés Ivoiriens, c'est bien dans une logique qu'il se trouve. La mention des exilés  ivoiriens signifierait qu'il y a problème en Cote d'Ivoire. Je ne peux donc pas comprendre que le président de notre parti ainsi que des cadres du parti, ne puisent pas faire cette même lecture des choses que moi.


Grosse déception de votre part ?

Sur cette question,  je suis déçu. Évidement, ils ont créé une sorte de thématique manichéenne. D'une part, il y aurait des ‘'extrémistes'',  des ‘'radicaux''tout juste bons pour la potence  et d (...)

Lire la suite sur Soir Info


Côte d'Ivoire monde don lutte Abidjan sein livre Laurent Gbagbo Mamadou Koulibaly Affi N'guessan Koné Katinan jeu Front populaire ivoirien FPI Korhogo Ghana Cpi élection présidentielle gouvernement candidats exilés élections procès ivoiriens opposition




Educarriere sur Facebook