Burkina Faso : le chef d'état-major, le général Honoré Traoré, se proclame chef de l'Etat après la démission de Blaise Compaoré


(Photo d'archives)
  • Source: AFP
  • Date: vend. 31 oct. 2014
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Honoré Traoré, le chef d'état-major de l'armée burkinabé, a annoncé prendre la tête du pays, peu après que le président Blaise Compaoré a annoncé sa démission.

Sous la pression de l'opposition, le président Blaise Compaoré a annoncé sa démission, selon un communiqué. Il a déclaré que la présidence est à présent vacante et souhaite des élections « libres et transparentes » sous 90 jours. Dans la foulée, le chef de l'état-major de l'armée, Honoré Traoré, a annoncé qu'il assumait désormais les foncions de chef de l'Etat.

La situation s'était enlisée au Burkina Faso, théâtre depuis jeudi d'émeutes sanglantes contre le régime de Blaise Compaoré. L'opposition avait appelé le peuple à « maintenir la pression en occupant l'espace public » lors d'un point de presse, dénonçant « une confusion générale au sommet de l'Etat », après l'annonce par l'armée qu'elle prenait le pouvoir. « Le préalable à toute discussion relative à toute transition politique est le départ pur et simple et sans condition de M. Blaise Compaoré », a-t-il insisté.

L'appel a été largement suivi par les manifestants. Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue vendredi matin à Ouagadougou aux cris de « Blaise dégage », exigeant le départ du président Blaise Compaoré. Les manifestants, massés devant l'état-major des armées, scandaient également « Kouamé Lougué au pouvoir ». Kouamé Lougué, général en retraite, ancien ministre de la Défense, bénéficie d'un fort capital de sympathie parmi les contestataires.

L'avertissement de François Hollande

Alors que l'armée avait pris le pouvoir jeudi soir, le président Blaise Compaoré refusait encore de démissionner vendredi matin. ce blocage faisait planer de lourdes incertitudes pour les journées à venir. Il avait déclaré au cours d'une allocution télévisée avoir “ compris ” le message de la population et pris “ la juste mesure des fortes aspirations au changement ”. Il se disait simplement “ disponible ” pour “ ouvrir des pourparlers ” pour “ une période de transition ” à l'issue de laquelle il “ (transmettra) le pouvoir au président démocratiquement élu ”.

Vendredi midi, le président français François Hollande s'était cependant dit certain que Blaise Compaoré prendrait "rapidement la bonne décision" pour parvenir à l'apaisement. Hollande avait rajouté vouloir "contribuer à l'apaisement dans ce pays de l'Afrique de l'ouest pour nous si décisive".

Dans jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20141030170335/burkina-blaise-compaore-francois-hollande-vie-des-partis-burkina-france-exclusif-la-lettre-de-francois-hollande-qui-mettait-en-garde-blaise-compaore.html" target="_blank">une lettre datée du 7 octobre , dont le contenu a été révélé par l'hebdomadaire Jeune Afrique, François Hollande avait déjà mis en garde le président burkinabé contre les « risques d'un changement non consensuel de Constitution ». Au pouvoir depuis 27 ans, Blaise Compaoré souhaite modifier la Constitution afin d'obtenir un nouveau mandat, ce qui a déclenché une véritable révolte du peuple burkinabé.

Dans sa lettre, dont l'existence avait été révélée le 23 octobre par le quai d'Orsay sans en dévoiler la teneur, François Hollande offre son soutien à Blaise Compaoré pour obtenir un poste dans une institution internationale s'il renonce à se maintenir au pouvoir après expiration de son mandat actuel, en 2015. Evoquant l'évolution démocratique au Mali, François Hollande souligne dans sa missive que « le Burkina Faso pourrait être un exemple pour la région, si, dans les mois qui viennent, il avançait aussi dans cette direction en évitant les risques d'un changement non consensuel de Constitution ». « Vous pourriez alors compter sur la France pour vous soutenir, si vous souhaitez mettre votre expérience et vos talents à la disposition de la communauté internationale », ajoute le chef d'Etat français, qui signe à la main sa lettre par ces mots: « Bien à toi, François Hollande ».

Etat de siège

Assemblée nationale incendiée, télévision publique prise d'assaut, violences en province, appels à la démission du président: le Burkina s'est enflammé jeudi, provoquant l'intervention des militaires. Les troubles ont fait une trentaine de morts et plus de cent blessés, a indiqué l'opposition, sans préciser si le bilan était national ou s'il ne concernait que Ouagadougou. Ces derniers étant tous soignés à l'hôpital... Blaise Compaoré, le plus grand de la capitale.

Jeudi soir, des tirs ont résonné aux abords de la présidence, sans qu'il soit possible de s'en approcher, des soldats de la garde présidentielle très nerveux en interdisant l'accès, a constaté l'AFP.

Couvre-feu

Un couvre-feu est désormais imposé « sur l'ensemble du territoire de 19h à 6h ». Il est plus ou moins sérieusement respecté à Ouagadougou, ont constaté des journalistes de l'AFP. A l'inverse, le président burkinabè a levé jeudi soir l'état de siège qu'il avait lui-même décrété dans l'après-midi.

La prise de pouvoir de l'armée est pour l'instant assez mal acceptée par les manifestants, qui dénoncent la personnalité du chef d'état-major, qualifié de « pion du pouvoir » par Mohamed Rabo, un étudiant de 26 ans, qui « réclame » Kouamé Lougué, un général en retraite au fort capital de sympathie.

« Nous voulons Lougué », a renchéri une femme, qui a souhaité garder l'anonymat. Ce même Kouamé Lougué, ancien chef d'état-major et ministre de la Défense jusqu'à son limogeage en 2004, à qui des dizaines de milliers de manifestants ont demandé de prendre le pouvoir dans un rassemblement jeudi après-midi.




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