Enseignement supérieur : ''Les universités publiques vont accueillir 35 000 étudiants''

  • Source: Fraternité Matin
  • Date: jeu. 09 oct. 2014
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Le directeur de la scolarité centrale, le Dr Idriss Cissé, donne quelques éclairages sur les préparatifs de la rentrée.

Comment préparez-vous la rentrée universitaire ?

A l'université Félix Houphouët Boigny, nous la préparons comme d'habitude, avec beaucoup de sérénité, d'application et de méthode. Pour cette année 2014-2015, les universités publiques de Côte d'Ivoire attendent 35 000 étudiants, sur environ 66 000 bacheliers de cette année. Il est évident que l'université de Cocody, de par sa place, sa prépondérance et sa force, récupèrera le maximum de ces étudiants. Il se posera inévitablement un problème de places et surtout un problème de structures, pour régler les formalités d'inscription.

L'ensemble des universités publiques disposent de 28.000 places. Vous constatez déjà le problème qui se pose à nous. Sur ce nombre, Cocody peut avoir le 1/3. La tradition, antérieurement, accordait à la scolarité la primauté des préinscriptions.

L'élève qui a obtenu le bac faisait une préinscription à la scolarité. Depuis quelque temps, c'est la direction des examens et concours qui s'en occupe. Avec l'arrivée du nouveau ministre, il est peut-être prévu que les préinscriptions reviennent logiquement aux universités publiques. Mais pour l'instant, en tant que directeur de la scolarité, je n'ai reçu ni informations ni
consignes.

Y a-t-il une différence, que les préinscriptions soient faites à la Direction de l'Orientation, des examens et concours (Dorex) ou à l'université ?

C'est l'université qui, dans ses attributions, s'occupe exclusivement du processus des inscriptions, quelle que soit l'étape. L'inscription dans une université régulière est l'affaire de la scolarité. Si nous récupérons les préinscriptions, pour moi, c'est un retour à l'ordre normal des choses.

La scolarité s'occupe des inscriptions ; les Ufr s'occupent de la pédagogie, des programmes, de l'évaluation, du calendrier scolaire. En général, quand on pose la question à la scolarité, au directeur ou aux agents, on confond toujours la pédagogie et l'inscription. Je suis certes un enseignant, mais ici, je ne réponds qu'en tant que directeur de la scolarité. Mon problème est de gérer la préinscription d'environ 55 000 étudiants.

Disposez-vous des moyens nécessaires ?

J'ai 72 hommes et femmes pour faire ce travail, quinze guichets sont disponibles. Pour que tout marche correctement, il nous faut le maximum d'ordinateurs. 

Nous avons, en plus de la scolarité centrale, une scolarité déconcentrée. Notamment en Médecine, en Sciences économiques, en Droit, en Pharmacie. L'étudiant qui s'inscrit en médecine ne vient pas à la scolarité. Mais cette scolarité déconcentrée dépend de la scolarité centrale.

Il faut un système qui les relie. L'Internet n'existe pas. Chaque structure est isolée du point de vue informatique, et cela nous pose problème. Il serait intéressant que j'aie toutes les données sur mon ordinateur, que je puisse avoir toutes les informations instantanément, ce qui n'est pas le cas, c'est un sérieux handicap. 

Comment se fait la répartition des nouveaux bacheliers dans les universités publiques ?

Il faut tenir compte des quotas. Il est évident que l'université de Cocody a plus de places que les autres. Elle a plus d'enseignants, donc plus de capacités et de possibilités. Mais la priorité est accordée aux universités de province. C'est une volonté politique. Mais d'un point de vue technique, il y a bien des critères d'orientation

Par exemple, pour l'université de Cocody, l'étudiant qui veut faire les sciences juridiques et le droit doit être titulaire du bac A, E, C, D, G1, l'âge maximum, c'est 23 ans, il faut que ce candidat ait 12 en philosophie, 12 en français et 12 en histoire et géographie. 

Mais je constate aussi que tous les étudiants ou la majorité, orientée en province, se battent pour venir à Abidjan, notamment à Cocody. Ce n'est pas bon. Ni pour Cocody ni pour eux-mêmes. Parce que Cocody ne peux pas recevoir tout le monde. Et si tout le monde est à Cocody, c'est difficile.

Il faut que les parents d'étudiants acceptent que leurs enfants aillent en province. Ce sont des universités de qualité et d'avenir, ils n'ont rien à craindre.

Les étudiants rechignent à y aller à cause des conditions de vie... Hébergement, restauration, etc.

Je réagis moins en directeur de la scolarité qu'en citoyen lambda. C'est une façon de voir les choses qui n'a pas mon adhésion. Je constate, en tant qu'Ivoirien, que beaucoup de mes compatriotes envoient leurs enfants au Maroc, en Inde, en Chine, aux Etats-Unis, au Canada. Ils ne connaissent
personne dans ces pays lointains.

C'est coûteux. Mais ils y vont sans rechigner et ils tiennent le coup. Mais quand l'étudiant est orienté à Korhogo, à Daloa ou à Bouaké, il trouve toutes sortes de raisons pour ne pas y aller, ce qui fait que les universités de province tournent presque à vide. Ce n'est pas normal.

Les étudiants ne vont certainement pas dans ces universités à cause des commodités qu'ils ont au Maroc et qu'ils n'ont pas dans ces universités de province.

Cela n'a toujours pas mon adhésion. En 1959, la Côte d'Ivoire a ouvert une douzaine de Collèges d'enseignement général (Ceg). En cette année-là, qu'était Bondoukou pour que la Côte d'Ivoire y ouvre un Ceg? Mais cela a marché. En 1966, la Côte d'Ivoire a ouvert douze collèges à BondoukouDimbokro, Aboisso, ToumodiGagnoa… Aujourd'hui, on ouvre les universités dans ces mêmes villes, il faut que les Ivoiriens aient le même comportement.

Aujourd'hui, les Ivoiriens n'ont plus la même vision.

Ils ne sont plus patients, ils n'ont plus la même mentalité, ils sont individualistes. Ils ne veulent pas que leurs enfants aillent à l'intérieur parce qu'ils n'y sont pas. 

Ces universités de l'intérieur sont-elles spécialisées ?

Ce sont des universités à part entière. On peut faire du droit à Korhogo, de la biologie. Ce sont des universités à la fois autonomes et diversifiées.

Que voulez-vous dire quand vous parlez de préparer la rentrée avec application et méthode ?

Il faut d'abord s'armer de courage et de sagesse pour accueillir 50 000 à 55 000 étudiants. La méthode, depuis quelques années, c'est la mise en ligne dont nous avons tiré toutes les conséquences, après deux ou trois années d'application. Notamment la réticence des étudiants qui n'arrivent pas à se défaire de l'ancien système. 

L'application, c'est notre volonté de les accueillir. Pour que cela aille mieux pour eux. La sérénité. Parce qu'il y a longtemps que nous faisons ce travail.

Avez-vous pris des dispositions pour qu'il n'y ait pas de bousculade ?

Nous avons immédiatement ouvert deux amphithéâtres à la faculté des sciences pour accueillir les étudiants. C'est un établissement bancaire de la place qui est seul habilité à enregistrer les frais d'inscription.

Nous avons ouvert, en accord avec cet établissement, dix guichets sur le campus. Les étudiants peuvent s'inscrire aussi bien en ville, que sur le campus.

50 000 à 55.000 personnes, l'université est suffisamment grande. Nous avons aussi 1800 agents administratifs et techniques. Et à peu près 2000 enseignants…

Nous n'avons donc pas peur du nombre.

Concernant les nouveaux bacheliers, qu'attendezvous des autorités ?

Qu'on nous permette de faire rapidement la préinscription des nouveaux bacheliers. En général, l'activité de la scolarité commence par cette étape. Nous sommes quand même dans le mois de la rentrée, il n'est peut-être pas trop tard, mais c'est peut-être déjà une date limite.

PROPOS RECUEILLIS PAR
MARIE-ADÈLE DJIDJÉ




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