Monsieur le directeur général, du 25 au 28 septembre 2013, vous avez organisé, à Abidjan, un atelier sur l'adressage des rues en vous basant sur la déclaration du 25e congrès de l'Union postale universelle en 2012. Pourquoi ce projet vous a-t-il été confié par le gouvernement, le 4 janvier 2013, alors qu'un projet similaire avait été lancé en 1996 par le Bureau national d'études techniques et de développement (Bnetd) et qui aurait pu être relancé ?

L'adressage des rues permettra à chaque citoyen de posséder une adresse précise et, par voie de conséquence, d'être repéré sans difficulté. L'adresse offre une localisation rapide, permet de sécuriser les interventions d'urgence (Samu, pompiers, médecins, gendarmerie…) et surtout de faciliter la distribution du courrier à domicile.

C'est un voeu cher à l'Upu, qui oeuvre, depuis toujours, à l'amélioration de la qualité des services offerts aux populations via La Poste. C'est donc tout naturellement qu'aux assises du 25e congrès, tenu à Doha, en 2012, une recommandation a été faite aux gouvernements pour mettre en oeuvre la politique d'adressage et permettre ainsi aux Postes du monde entier de travailler
plus efficacement.

Comme vous le dites si bien, dans la communication du Conseil des ministres du 4 janvier 2013, relative à l'adoption du plan de redressement opérationnel et financier de La Poste de Côte d'Ivoire, l'Etat l'a clairement identifiée comme le leader du projet d'adressage en Côte d'Ivoire. Mais en le faisant, le gouvernement n'a nullement l'intention de renvoyer aux calendes grecques les premières initiatives, dont celle du Bnetd, en 1996, que vous évoquiez. 

D'ailleurs, sous la houlette du ministre Bruno Koné, ministre de la Poste et des Tic,
un comité comprenant des représentants de son ministère, de La Poste de Côte d'Ivoire, du Bnetd, de la Dgi (Ndlr : Direction générale des impôts), du Cntig (Ndlr : Centre national de télédétection et d'information géographique) et de l'Institut de cartographie et de développement rural (Icdr) a été mis en place, depuis juillet 2013, et travaille sur le projet. Comme vous le voyez, c'est un projet qui implique donc un ensemble de structures au plan national. 

Mais il faut préciser que le ministère d'Etat, ministère de l'Intérieur et de la Sécurité, tutelle des villes et communes est fortement partie prenante de ce projet.

Le 25e congrès de l'Upu a demandé aux gouvernements du monde de soutenir la déclaration : « Une adresse pour chacun – Un message pour le monde ». Que recouvre-telle et quels en sont les enjeux ?

Cela fait partie d'un ensemble d'activités lancées par l'Upu pour appuyer sa recommandation aux gouvernants. « Une adresse pour chacun – Un message pour le monde » est, à la fois, une campagne et une initiative pour créer des synergies entre les agences des Nations unies, les organisations intergouvernementales, les universités, les Ong, les banques de développement et le secteur privé, en vue de trouver des solutions communes à la problématique de l'adressage.

L'Upu pense, à raison, qu'un bon système d'adressage et des codes postaux de qualité sont des éléments essentiels à l'infrastructure et au développement socio-économique d'un pays. Ils servent de base à des services postaux de qualité et facilitent les transactions commerciales et donc la croissance économique du pays.

Où en est le projet du point de vue de son exécution depuis ce séminaire et quel sera sa spécificité par rapport à l'existant ?

Il convient de souligner que ce séminaire est une étape importante dans la mission confiée au ministère de la Poste et des Tic. Il a été organisé avec pour objectif de proposer une méthodologie et un plan d'action complet pour la mise en oeuvre du projet.

Au terme des travaux de ce séminaire, un modèle d'adressage a été proposé pour la Côte d'Ivoire. Il se caractérise par : 

- Un code postal basé sur l'organisation administrative et adaptable à toute forme d'évolution de ladite administration,
- L'identification des voies par l'attribution des noms,
- L'identification des entrées par le système séquentiel,
- La numérotation des unités d'occupation (cours communes, immeubles, …).

D'autres actions sont inscrites au programme de l'équipe mise en place qui continue de travailler sur le projet. 

La spécificité par rapport à l'existant réside dans le fait qu'il sera implémenté partout en Côte d'Ivoire. Les travaux avancent lentement mais sûrement. Nous débuterons par une phase pilote dans la commune de Port-Bouët et le reste suivra.

Qui sont vos partenaires techniques et financiers et quel sera le coût du projet et le délai d'exécution ?

Pour le moment, nous sommes en contact avec un partenaire du nom de « France Emaillerie » qui a une expérience avérée en la matière. Cette structure nous a déjà présenté des modèles de panneaux qui sont valables. Mais nous attendons de signer tous les accords avant d'engager les travaux. En ce qui concerne le coût du projet, pour l'instant, je ne peux avancer de chiffres. Une évaluation globale du travail à faire est en cours et c'est elle qui déterminera le coût. Après quoi, nous établirons un chronogramme d'exécution des travaux. A ce moment-là, nous pourrons vous donner un délai. 

Quelles sont les attentes de La Poste à travers le projet et les perspectives de croissance de votre entreprise ?

Nos attentes sont identiques à celles de l'Upu. C'est-à-dire faire de l'adressage une infrastructure à partir de laquelle tous les services aux populations seront facilités. En ce qui nous concerne, nous pourrons assurer une meilleure qualité de service. Nous pourrons également développer d'autres services pour faciliter la vie aux populations, grâce à l'adressage.

INTERVIEW RÉALISÉE PAR 
PAULIN N. ZOBO